@tassadanslesmyriades
Richard Powers
(The Overstory) Traduction Serge ChauvinHELLO |🌲🌳
Résumé:Richard Powers embrasse un sujet aussi vaste que l'univers : celui de la nature et de nos liens avec elle. Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour de Pat s'entrelacent les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un séquoia est menacé de destruction. Au fil d'un récit aux dimensions symphoniques, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égarement dans le monde virtuel.
Son écriture généreuse nous rappelle que, hors la nature, notre culture n'est que " ruine de l'âme ". " Si Powers était un auteur américain du 19e siècle, qui serait-il ? Il serait probablement Herman Melville, et il écrirait Moby Dick. " Margaret Atwood
Source: Lisez
💙 Il m'aura fallu beaucoup de temps pour terminer ce roman du @cherche_midi_editeur_ (merci à eux de m'avoir envoyé cette lecture). Assimiler un roman de Richard Powers, comme dans "Le Temps où nous chantions" (2013), c'est faire un effort intellectuel, poser le livre presqu'à toutes les pages pour réfléchir, méditer. Car toutes les pages sont importantes. Chacune d'elles a sa nécessité dans le livre. Alors, certes on avance avec lenteur, avec des moments de doute, des moments où le livre nous paraît bien lourd, bien trop dense et d'autres moments où le roman apparaît tel un chef d'oeuvre. Il a quelque chose de magique. Se sentir repoussée puis happée par un livre, ça c'est bien la force d'un excellent roman. Après m'avoir bluffée par sa connaissance et sa culture musicales, ici, Powers m'a émerveillée par sa compréhension du monde, qui va bien au-delà de tout ce que d'autres écrivains ont pu créer depuis Thoreau et tant d'autres. Là où certains ne trouveraient que mysticisme, discours écologique ou politique, l'auteur réussit à dépasser ces différents stades pour offrir un roman généreux et sensible.
Nous suivons neufs personnages aux destins entremêlés, Nick Hoel, artiste, défiant la tradition familiale, Mimi Ma, activiste qui finira par être shaman, Adam dont l'histoire m'a touchée du début à la fin, qui mettra son érudition et sa curiosité au service de la Nature, Ray et Dorothy qui créeront une forêt, Douglas "Douggie" qui plante des arbres partout où il passe, Neelay faisant fi de son handicap et qui créera un jeu vidéo hors norme et écologiste, Olivia qui sera le lien entre les esprits des arbres et le monde après un drame. Mais c'est le personnage de Patricia Westerford qui m'a le plus émue. Je l'ai adorée. Elle est comme une idole. Botaniste, elle défie l'académisme conservateur du monde scientifique et propose sa théorie sur les arbres : ces derniers communiquent et l'environnement qu'ils créent est vivant.
Forcément, certaines histoires, certains destins touchent plus que d'autres, même s'ils finissent tous par se croiser, se lire, s'aimer, se voir à la télé, s'apprendre...
Les scènes les plus belles sont celles où Patricia erre dans la forêt, hume, ressent, cherche, scrute, observe et élabore sa théorie. Elle lit dans les arbres comme on lit dans les livres. Et soudain, la vie des arbres semble infinie et bien plus intéressante que tout au monde.
Je suis sortie complètement bouleversée par cette lecture. Suivie d'intenses réflexions sur ma condition humaine. Nous ne sommes rien à côté des grands arbres, des forêts, des millions d'organismes vivants qui côtoient les arbres, insectes, champignons, petits animaux, le feu, le gel. TOUT. L'Arbre-Monde porte bien son nom, même si le titre original du livre est "The Overstory", un titre qui veut signifier en terme botanique "un étage supérieur dans l'arbre", soit ici, dans le roman, un étage supérieur vers la compréhension de ce qu'est un arbre. Le roman est magistral et combine des éléments divers : thriller écologiste, romance, roman d'amitié, mais ce qui m'a plu avant tout ce sont les descriptions des arbres, leur fonctionnement. Finalement, nous avons besoin des arbres et les arbres ont moins besoin de nous qu'on ne le pense.
La petite fille émerveillée que je suis restée en a pris plein les yeux, trempés de larmes. Le vert, ma couleur préférée, n'a jamais eu tant de signification pour moi après avoir refermé ce livre. Un coup de coeur monumental, qui se savoure lentement, comme la croissance d'un arbre millénaire.