Imaginer la pluie de Santiago Pajares

Par Krolfranca

Imaginer la pluie

Titre original : La lluvia de Ionah

Santiago Pajares

Traduit de l’espagnol par Claude Bleton

Actes sud

2017

294 pages

Je remercie Kathel dont le billet m’a incité à découvrir ce roman. Quelle merveille !

Ionah n’a connu que le désert, il y est né, il y a grandi avec pour seule compagnie sa mère qui, juste avant de mourir, lui racontera le monde d’avant, celui que les hommes ont détruit.

« Nous nous dévorons les uns les autres. »

J’ai eu envie de recopier un nombre incalculable de phrases tellement elles résonnaient juste à mes oreilles, surtout dans la première partie du roman. Comme des aphorismes, elles jalonnent la première partie du texte et on s’en régale.

« La mémoire est un tout petit livre. »

Poétique, philosophique, quête initiatique, ce roman est tout ça à la fois. Il est aussi survivaliste, post-apocalyptique, mais surtout bien plus que ça. Il est une ode à la vie, une réflexion sur la solitude, sur la mort, il pose la question de l’essence même de la vie.

Y a-t-il chose plus merveilleuse que de découvrir notre monde à travers les yeux d’un jeune homme qui n’a connu que le désert, le puits, deux palmiers, les lézards, le maigre potager et l’appentis ? Son innocence apporte une fraîcheur certaine au texte, et il en a bien besoin sous l’incandescence du soleil !

Un petit prince dans un désert. Mais ce petit prince-là n’a pas de planète, il est sorti du ventre de sa mère au milieu de ce désert de sable, suite à la chute d’un avion. Nul renard pour l’apprivoiser, mais un homme, un seul, qui deviendra son seul ami avant de le renvoyer une fois de plus à sa solitude.

Comment imaginer la pluie si on n’a connu que l’ardeur du soleil et le froid de la nuit ? Comment imaginer le son de la pluie ? La nature des gouttes ? La fraîcheur qu’elle dispense ?

Comment imaginer le son d’un piano lorsqu’on ne sait même pas à quoi il ressemble ni quel son produit la musique ?

Ce petit roman divisé en chapitres très courts m’a charmée dès les premiers mots. Transportée dans le désert, la bouche parfois sèche, les grains de sable s’infiltrant dans tous les pores de ma peau, j’ai vécu là une belle leçon de vie.

Je l’ai trouvé à la médiathèque. Courez donc à la bibliothèque la plus proche de chez vous, peut-être aurez-vous la chance de dénicher ce petit joyau ?