Il n'est pas toujours très drôle de se lancer dans une aventure qui est en fait la énième réécriture des origines d'un héros que nous connaissons par coeur, ou d'assister aux galipettes d'un justicier sur une Terre alternative, mais qui s'efforce de singer la notre. On a vu ça tant de fois, c'est lassant...Sauf quand c'est fichtrement bien fait, ce qui est le cas de Batman Terre Un.
Ici le Dark Knight n'est pas tout à fait tel que nous le lisons depuis longtemps. Sa colère est difficilement réprimée, et il n'est clairement pas encore prêt pour assurer sa mission dans les rues de Gotham, ce qui lui vaut quelques gadins mémorables, et de belles droites à la mâchoire. Mais Bruce n'a pas de temps à perdre, car il veut vite démêler le meurtre de ses parents, une affaire sordide et toujours "non classée", qui pourrait impliquer le maire Oswald Cobblepot et ses sbires. Dès lors, on découvre tout un cast habituel, mais subtilement et surtout intelligemment revisité, avec entre autres un Alfred Pennyworth tuteur de Bruce, malgré lui, avec qui les rapports sont tendus et directs (du gauche?). Le commissaire Gordon quand à lui n'a rien d'un flic intègre, et il a été brisé par les années passées au service de la police de Gotham, là où débarque le fraîchement muté Harvey Bullock, en provenance de Los Angeles, où il était aussi une star de la télévision, pour une série de docus fiction sur ses activités.
Geoff Johns, quand il le souhaite, est un de ces scénaristes qui savent tout faire. Ici par exemple, il parvient à la fois à garder le lecteur au long cours en éveil, en jouant avec ses attentes et les codes de l'univers de Batman, et dans le même temps le néophyte est accueilli à bras ouverts, et comprend chaque page sans le moindre problème. Sa vision toute personnelle du majordome Alfred est particulièrement intrigante et moderne. Là il forme plus qu'il éduque Bruce Wayne, assumant une sorte de rôle de maître Jedi, poussant son pupille dans ses derniers retranchements, l'amenant à accepter l'idée qu'à Gotham, il n'existe aucune règle, et que tous les coups sont permis, pour rentrer à la maison autrement qu'entre quatre planches.
Le dessin de Gary Frank est absolument splendide. On connaît tous son attention aux détails, la rigueur plastique de toutes ses planches, chirurgiquement exécutées, et ici il est en grande forme, donnant corps à la ville, à cette crasse et cette décrépitude qui anime Gotham, juxtaposée à l'opulence lors des soirées entre notables, Wayne tout particulièrement. Son Batman possède un look somme toute épuré, comme il se doit à un justicier qui débute sa quête, et trahit dans ses postures, ses actes, un manque d'expérience qui le rend plus fragile, plus humain.
On vibre, on sourit, on s'étonne, on admire. Du tout bon ce volume, et ce n'est que le premier tome. Ne le perdez pas.
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Le dessin de Gary Frank est absolument splendide. On connaît tous son attention aux détails, la rigueur plastique de toutes ses planches, chirurgiquement exécutées, et ici il est en grande forme, donnant corps à la ville, à cette crasse et cette décrépitude qui anime Gotham, juxtaposée à l'opulence lors des soirées entre notables, Wayne tout particulièrement. Son Batman possède un look somme toute épuré, comme il se doit à un justicier qui débute sa quête, et trahit dans ses postures, ses actes, un manque d'expérience qui le rend plus fragile, plus humain.
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