Neopolis n'est vraiment pas une ville comme les autres. Tout d'abord, elle a été bâtie par des scientifiques nazis, après la seconde guerre mondiale. Ensuite, tous ses habitants sont dotés de pouvoirs, entre mutants à tête de chien, cyborgs armés et télépathes alcooliques. On trouve de tout dans cette volière, il y en a pour tous les goûts. Le grand problème qui se posait à Alan Moore était le suivant : comment rendre crédible, pour ne pas dire attachant, un tel foutoir! L'exploit est relevé haut la main grâce à des dialogues aussi bizarres que savoureux, et une humanité qui suinte de chacun des personnages, pour aussi marginaux que leurs dons ou leurs physiques pourraient les rendre. Ce n'est pas une gageure, il fallait un fichu talent pour y parvenir.Et comprendre qu'il y avait mieux à faire que surjouer l'action et les coups de théâtre. C'est à dire s'arrêter sur le quotidien, celui d'un commissariat de Neopolis, et sa brigade très spéciale. Une sorte de Hill Street Blues à la sauce super héroïque, où le détail, l'anecdote, remportent les suffrages et permettent au récit de progresser subtilement sans jamais ennuyer. Les archétypes ne manquent pas au Top 10, le dixième district. A commencer par ce grand gaillard bleu et invincible, Smax, le portrait du flic peu bavard, voire franchement taciturne. Ou la jeunette fraîchement débarquée de sa formation à l'académie, Robyn, qui va devoir trouver sa place dans un environnement bien surprenant : des flics ont le visage d'un doberman, les avocats la tête d'un requin... Peu importe finalement l'enquête en cours, ou la chasse à ce dangereux tueur qui découpe ses victimes, à Neopolis. Ce qui rythme ce Top 10, ce sont ces trouvailles continues, cette prostituée qui a le pouvoir d'être immunisée à toutes les Mst possibles, ce chauffeur de taxi zen qui conduit les yeux bandés, et laisse son véhicule errer jusqu'au lieu où il doit arriver, ou encore ce simple citoyen amateur de putes qui placé en situation de stress se met à gonfler comme un immense ballon...
Aux crayons, Gene Ha est en forme olympique. Son style fouillé, très détaillé, et clair en même temps, remplit chaque planche jusqu'à l'invraisemblable et dépeint une Neopolis qui en devient crédible et attachante. C'est en 1999, chez ABC (America's best comics) que cette série totalement hors genre et iconoclaste a vu le jour. Elle avait été publiée en France (édition désormais épuisée) chez Semic, au format Semic Books. Urban Comics, qui ne pouvait rester les bras croisés devant une telle opportunité, a aussi publié Top 10 dans son intégralité (avec spin off dérivés, donc). Bonne nouvelle pour ceux qui seraient perdus, le premier tome bénéficie aussi d'une petite explication concernant ses personnages (une bonne habitude), et une fort belle hardcover. Expérience de lecture aussi baroque que formidable, Top 10 est tout simplement un des travaux les plus aboutis et jouissifs à la lecture d'Alan Moore. On adore.
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Aux crayons, Gene Ha est en forme olympique. Son style fouillé, très détaillé, et clair en même temps, remplit chaque planche jusqu'à l'invraisemblable et dépeint une Neopolis qui en devient crédible et attachante. C'est en 1999, chez ABC (America's best comics) que cette série totalement hors genre et iconoclaste a vu le jour. Elle avait été publiée en France (édition désormais épuisée) chez Semic, au format Semic Books. Urban Comics, qui ne pouvait rester les bras croisés devant une telle opportunité, a aussi publié Top 10 dans son intégralité (avec spin off dérivés, donc). Bonne nouvelle pour ceux qui seraient perdus, le premier tome bénéficie aussi d'une petite explication concernant ses personnages (une bonne habitude), et une fort belle hardcover. Expérience de lecture aussi baroque que formidable, Top 10 est tout simplement un des travaux les plus aboutis et jouissifs à la lecture d'Alan Moore. On adore.
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