Ce qui m'a beaucoup plu dans ce roman, c'est l'incertitude qui y règne du début à la fin. Tous les personnages ont des raisons d'être les criminels, mais pour beaucoup d'entre eux, nous ne le souhaitons pas. Le Chauffe-Caillou, Arthur, son grand-père, Mai-Lan, Michel, chacun d'entre eux a une histoire dont nous ne saisissons pas tout. Le titre du roman est, à cet égard, fort bien choisi : le navire de pierre, selon moi, ne représente pas seulement le banc de granit qui accueille Raphaël mais renvoie aussi à l'idée que nous naviguons en eaux troubles. C'est ce qui nous transporte d'ailleurs et nous pousse à vouloir savoir comment tout cela se termine. C'est d'ailleurs un peu dommage, la fin se précipite (bon, cela dit, il fallait bien une fin...) et on comprend tout en quelques pages. Cette déception est sûrement bon signe finalement, signe que je ne voulais pas que l'histoire s'achève.
Tous les ingrédients d'une intrigue policière se retrouvent dans le récit de Laurent Fréour, mais sans cliché : on a les policiers (plusieurs personnages, plusieurs méthodes), le journaliste, les criminels, une histoire de règlement de comptes, une histoire de famille, plusieurs histoires d'amour et la superposition de quelques vies. Celles de Raphaël, de Mai-Lan, de Jean-Pierre Vidal et de Marie-Pascale Turpin sont celles qui m'ont le plus touchée. On ne sait pas tout, on apprend les choses en suivant leurs raisonnements, en écoutant leurs peurs, celles qui font ressurgir les fantômes du passé.
Pour moi qui n'ai pas lu le premier roman de l'auteur (dont celui-ci peut être considéré comme une suite), cela a fait naître l'envie de mettre L'Orange sanguine dans une prochaine PAL... Pourquoi pas ?
Merci aux éditions Incartades pour cette enquête prenante, humaine et bien écrite !
Priscilla (@Priss0904)
Quatrième de couverture : En début d'après-midi, il se recroquevilla sur son navire de pierre. La petite boîte en fer d'Arthur serrée contre lui, il s'endormit. Doux souvenirs d'enfant. Il faisait la sieste sur la plage de Pointe-Noire. Puis, Malabar aboya. Le Chauffe Caillou sursauta et se redressa. Quelques mètres plus loin, penché au-dessus de l'Erdre, le chien tenait dans sa gueule un morceau d'étoffe. Il s'approcha et aperçut, coincée entre deux bateaux, une masse inerte. Un visage boursouflé dépassait de l'eau. Avec difficulté, il s'agenouilla. Deux yeux vitreux le fixaient. Brutalement, lui revint en mémoire son premier mort. Dans la rivière qui bordait la route de Conkouati au Congo, il avait déjà croisé pareil regard. Raz de marée, tempête intérieure. Raphaël perdit connaissance. Que s'est-il passé sur les bords de l'Erdre ? De retour en métropole, le capitaine Jean-Pierre Vidal enquête.