Disponible sur Amazon Auteurs : Gavriel Howard Feist, Claudine Couppe, Anne-Laure Guillaumat, Nathalie Vedrine, Aurélie Torre, Marie-Rachel Aparis, Michel Giraud, Sandrine Waronski, Danielle Kleden Éditions du Saule Paru le : 22 Octobre 2018 246 pages numérique (epub) Thème : Nouvelle ******* Résumé : « Les vacances d’été… |
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Je remercie la maison d'éditions du Saule pour la lecture de ce recueil de nouvelles. Qui dit recueil, dit qu'il y a plusieurs histoires. 9 composent ce livre, 9 récits totalement différents les uns des autres. Je ne suis pas une adepte de la couverture, mais chacun ses gouts. Après ce qui m'importe est le contenu.
Une danse d’été, de Gavriel Howard FEIST, ou le lac du cygne revisité. Une danseuse de ballet part en vacances bien méritée. Les vacances, un mot si doux à son oreille, un mot qu'elle ne connaissait que dans le dictionnaire. Dorénavant, elle compte profiter de ce temps pour faire ce dont elle a envie, comme se promener en forêt juste derrière son logement. Ne pas s'écarter du chemin sous peine... Sous peine de quoi d'ailleurs ? Tamara va découvrir un nouveau monde, celui qui ne ressemble en rien à ses scènes de ballet. La vie réelle, elle ne l'a plus vraiment vécue. Les sensations qu'elle va ressentir vont la remettre sur le droit chemin. L'amour est à sa porte, sans qu'elle ne s'en soit rendue compte.
« La jeune fille était subjuguée par cette mélodie qui l’enveloppait comme un manteau en hiver. Elle en appréciait la douce chaleur, enivrante et réconfortante. Les notes aériennes, mais chargées d’énergie, s’infiltrèrent dans toutes les fibres de son corps. Ce dernier réagit, comme il le faisait depuis que Tamara savait marcher. En réponse à la musique, il s’anima de la seule façon qui s’imposait à lui, en dansant. Les pointes des pieds de la jeune fille glissèrent sur le sol en de lents mouvements, tandis que ses longs bras blancs dessinèrent des formes raffinées dans l’air. Le temps lui-même sembla être suspendu à ses gestes, à supposer que pareil phénomène soit possible dans un monde intemporel. Tamara n’était plus que grâce et harmonie, évoluant en courbes et en arabesques au milieu de la cabane. »
Une belle histoire sur l'ouverture aux autres qui peut être tout autant bénéfique que néfaste. C'est ce que l'on peut retrouver avec Monsieur Vincent de Claudine COUPPE. Jean Vincent est un homme d'une cinquantaine d'années. Il vit toujours dans l'appartement de sa mère, décédée depuis quelques temps. C'est un homme renfermé sur lui-même qui adore la photographie. N'ayant pas de famille, il s'en crée de nouvelles avec les photo des autres, celles que l'on ne veut plus. Les visages, les mots, tout est gardé bien au chaud chez lui. C'est un passionné. Vivre seul lui plaît. Il a ses habitudes, ses passions, son envie. Même si de l'extérieur il semble être un solitaire, ce qui est vrai, il n'en ai pas moins rempli de vies (terminées ou non). Alors lorsque sa voisine du dessous décide de l'aider dans sa propre vie, cette nouveauté semble poser des problèmes. Quelle idée aussi de vouloir mettre son nez dans les affaires d'un homme qui semble se résoudre à vivre de cette façon ? C''est tout à fait ce qu'aurait dû faire Sophie lorsqu'elle a décidé de vivre ses vacances différemment. Quelque chose de nouveau d'Anne-Laure GUILLAUMAT met un point d'honneur à nous présenter une jeune femme pleine de vie qui décide de travailler un peu afin de bénéficier d'un logement qui la changera à jamais.
J'ai adoré la voir évoluer dans ce monde sans électricité, où seul un générateur peut apporter un minimum de confort. Lorsqu'elle rencontre des personnes comme elle, avec cette envie de voir autrement les voyages, elle se sent bien, en sécurité. Mais lorsqu'un bruit, une nuit vient tout perturber... Un récit digne de Frédéric Livyns.
« Je prends une grande inspiration et allume ma torche. J'éclaire l'intérieur, terrifiée à l'idée de découvrir quelqu'un dissimulé dans l'ombre, mais l'endroit est désert. Le générateur semble encore en état et le réservoir est plein. Il a simplement été éteint, par quelqu'un qui savait ce qu'il faisait. La théorie de Jenna a de plus en plus d'arguments en sa faveur. Une autre de ses idées me revient soudain. Le fait qu'il fallait deux agresseurs pour mettre ce plan au point. »
N'empêche je suis de l'avis de Jenna, les blagues douteuses, les blagues tout court, il faut savoir s'arrêter à temps. Dans le même temps, si sortir et aller voir du monde semble dangereux, rester chez soi l'est tout autant. Sarah dans Bonsoir Sarah de Nathalie VEDRINE donne froid dans le dos. Lire est un plaisir, raconter les histoires est magique lorsque l'on sait y faire. Sarah est douée, très douée. Lorsque Lucius apparaît dans sa vie, cette passion reste mais un grain de sable la fatigue. La relation entre les deux personnages est tantôt douce, tantôt étrange. J'ai beaucoup aimé cette histoire. La tendresse est présente, la passion du livre également, sans oublier la façon dont les personnages évoluent de manière différente. Une vraie pépite ! Contrairement aux améthystes de Aurélie TORRE qui ne m'ont pas vraiment convaincu. C'est l'une des histoires qui ne m'a pas ému malgré la chasse aux trésors en terre sablonneuse. L'écriture est belle, je m'attendais juste à autre chose comme final. Alors qu'avec ALix2 de Marie-Rachel APARIS, c'est une très belle découverte. J'aime beaucoup la plume et la façon dont l'auteur amène les événements.
Il y a des jours où l'on ne se comprend plus, comme pour Alix. Perdre des souvenirs est difficile, revoir des gens que l'on apprécie, tel qu'un cousin mais ne plus se rappeler de ce qui a déjà été fait ensemble devient complexe. Le passé devrait resté enfoui, pourtant lors d'une soirée, les champs de maïs semblent vouloir lui rappeler ce qu'elle en veut pas faire revenir. Tout comme Issa qui aimerait oublier ce qu'il a vu. J’irai surfer sur ma vengeance de Michel GIRAUD met en scène un groupe de jeunes qui s'ennuie royalement. Des heures à vouloir quelque chose, des minutes pour réussir à obtenir par la force ce besoin, qui n'en est pas un. Un enchevêtrement d'événements qui devient de plus en plus glauque. Des frissons d'angoisse traversent la peau du dos et ne veulent pas partir comme cela, jusqu'au point final.
« D’un bond, Issa surgit de la voiture et se mit à courir. Quand les deux autres policiers réagirent, il était déjà presque arrivé au carrefour avec la rue des Frères Bonie. À droite, il aperçut le tramway qui, venant de la station Hôtel de Ville, franchissait le carrefour Frères Bonie/Maréchal Joffre. Il bifurqua dans cette direction. Lorsque les policiers arrivèrent à l’angle de rues, ils le virent se déporter sur la gauche, entre les voitures à l’arrêt, vers la voie réservée au transport en commun. Ils pensèrent qu’il allait profiter du passage de la rame, qui le rendrait invisible des policiers, pour s’engouffrer dans une boutique de l’autre côté de la rue. Il ne resterait plus qu’à boucler tout le quartier pour le retrouver. Et subir les sarcasmes des chefs… »
Un pont final pour les personnages qui sont sanglant, sans pour autant être gore, enfin pour l'un d'entre eux, si ! Un peu de douceur serait le bienvenu à ce moment et c'est tout naturellement qu'il nous faut nous guider vers Entre deux eaux de Sandrine WARONSKI. Une jeune femme qui découvre sa sexualité sur le tard. Les diverses questions qu'elle se pose sont pertinentes et montrent à quel point le regard de la société est terrible pour celui ou celle qui s'en occupe. L'éducation n'est pas une mince affaire, bloquer une personne dans un moule n'est pas la meilleure chose à faire. Un récit empli de tendresse et d'incertitude qui pourrait appartenir à tout homme ou femme qui se sent "différent" des autres, alors que ce n'est pas le cas.
« Ma vie ne sera plus jamais la même. Tout est trop beau pour chercher à entrevoir demain. Puis, je suis du genre à beaucoup cogiter sur les choses. Hors de question de gâcher le moment. Je sais juste que je ne pourrai plus retourner en terrain connu et m’y croire heureuse. Mes enfants sont la prunelle de mes yeux. Ils emplissent mes jours d’une tendresse infinie, mais il est dérisoire de penser que l’amour qu’on leur porte suffit à cocher la case bonheur. »
Et la différence est un cadeau. Tous différent, tant qu'il y a le respect et l'apprentissage de l'autre. Une tournée estivale de Danielle KLEDEN débute sur ce principe. Des vampires qui partent en voyage organisé gastronomique. On imagine que trop bien quel type de dégustation ils vont faire. L'auteur m'a surprise par ses mets délicats. Je suis contente qu'elle n'ait pas touché à la tarte au citron meringuée ! Dommage pour ceux qui l'ont servi, c'était un mauvais choix pour ses palais délicat qui aurait probablement préféré un peu de vermeil dans la recette. Une idée judicieuse qui est juste au bord de l'orgasme culinaire en contre-partie nous nous retrouvons le cœur au bord des lèvres. Mais promis, je n'ai rien rendu, juste qu'il faut éviter d'imaginer les scènes.
9 histoires d'auteurs différents. De la magie, du fantastique, des doutes, de la passion, de la tendresse, c'est un recueil qui nous emmène dans des contrées lointaines, pour mieux redescendre sur terre. L'imaginaire est présent, mais dans toute lecture nous pouvons en retrouver avec ou sans magie.
En conclusion, une belle lecture d'une manière générale avec de quoi frissonner (de dégout, de passion, d'angoisse, de joie). C'est le meilleur moyen de découvrir de nouveaux auteurs !