Un Renaudot surprise pour Valérie Manteau

Un Renaudot surprise pour Valérie Manteau

Valérie Manteau. 


Un Renaudot surprise pour Valérie ManteauVerdict surprise quand, ce mercredi 7 novembre, le jury du prix Renaudot a désigné comme sa lauréate 2018, au sixième tour et par six voix, Valérie Manteau pour "Le Sillon" (Le Tripode, 278 pages), son deuxième roman, le seul titre que son éditeur avait publié lors de la rentrée littéraire. Non que ce soit un mauvais livre, loin de là. Mais il était sorti de la liste lors de la deuxième sélection.
En cause de ce retournement de dernière minute sans doute, le choix de Philippe Lançon, également présélectionné, comme lauréat du prix Femina lundi (lire ici). Ce dernier reçoit d'ailleurs un prix Renaudot spécial pour "Le lambeau" (Gallimard).
Dans "Le Sillon", l'ancienne journaliste de "Charlie Hebdo" rend hommage au journaliste arménien Hrant Dink assassiné en Turquie pour avoir défendu un idéal de paix et, à travers lui, à tous ceux qui résistent à l'autoritarisme turc. A travers la quête de son héroïne partie à Istanbul rejoindre son amant, Valérie Manteau pointe les contradictions de la ville et la violence d'état que vit la Turquie.
Un Renaudot surprise pour Valérie ManteauLe prix Renaudot Essai va au superbe livre "Avec toutes mes sympathies" d'Olivia de Lamberterie (Stock, 254 pages, lire ici), bien plus proche du récit que de l'essai. Mais on sait ce que font les jurés du Renaudot des catégories.
Un Renaudot surprise pour Valérie ManteauEnfin, le prix Renaudot poche va cette année à Salim Bachi, pour son roman "Dieu, Allah, moi et les autres" (Folio, 199 pages).
"Comme tous les gamins d'Algérie", écrit Salim Bachi, "je vivais dans la crainte de ne pas être assez bon pour échapper au châtiment du Grand Méchant Allah. En classe, nous apprenions l'arabe en récitant le Coran. Pour lire le Coran, il fallait connaître l'arabe et pour connaître l'arabe, le Coran... un cercle arabo-islamo-vicieux. Je n'y entendais bientôt plus rien, ni à l'arabe ni au Coran... alors je recevais des coups de règle sur les doigts". 

Brimé par une éducation religieuse rigoriste et la crainte du châtiment divin, Salim Bachi rejettera la religion de ses ancêtres et se détachera de la nation où il est né. Refusant tous les endoctrinements, il trouve refuge dans les livres et la littérature.
Et donc, après ce premier tour de piste des prix littéraires, David Diop, sélectionné partout, n'est encore lauréat nulle part.
Les grands éditeurs sont servis: Gallimard (Femina, Renaudot spécial), Stock (Femina essai, Médicis étranger), Grasset (Médicis, Langue française) , La Table ronde (Femina étranger), Actes Sud (Goncourt, prix du Monde), Plon (Académie française).
Mais les petits aussi: Le Tripode (Renaudot), Le nouvel Attila (Virilo).
Le jury du prix Renaudot, présidé cette année par Louis Gardel, se compose de Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Jérôme Garcin, Franz-Olivier Giesbert, Christian Giudicelli, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Les finalistes du prix Renaudot

Romans
  • David Diop, "Frère d'âme" (Seuil)
  • Philippe Lançon, "Le lambeau" (Gallimard)
  • Gilles Martin-Chauffier, "L'ère des suspects" (Grasset)
  • Diane Mazloum, "L'âge d'or" (Lattès)
  • Pierre Notte; "Quitter le rang des assassins" (Gallimard).

Essais
  • Robert Colonna d'Istria, "Une famille corse" (Plon)
  • Olivia de Lamberterie, "Avec toutes mes sympathies" (Stock)
  • Nathalie Piégay, "Une femme invisible" (Le Rocher)