Bien que fan de rock moi-même, j’ai longtemps hésité à ouvrir cet ouvrage, une autobiographie du célèbre journaliste Philippe Manœuvre. Nous sommes de la même génération, celle du baby-boom, quoi que je sois son aîné d’une paire d’années, alors que pouvait-il m’apprendre que je ne sache déjà, son parcours m’étant tellement familier ?
Ses débuts dans la vie et de sa passion pour cette musique correspondent à ma propre expérience, d’ailleurs nous allions aux mêmes adresses acheter nos disques (L’Open Market de Marc Zermati aux Halles pour les bootlegs), nous étions tous deux au festival d’Auvers-sur-Oise en 1971, nous avons assisté aux mêmes concerts de ces fabuleuses années (Les Stones à Bruxelles en 1973) et nous sommes de grands admirateurs de ces Rolling Stones… mais si moi j’ai vécu dans l’anonymat, Manœuvre (que je ne connais pas personnellement qu’on se le dise) est devenu la figure emblématique du journaliste français, spécialiste du rock.
Philippe Manœuvre, dit Philman, c’est surtout Rock&Folk, le fameux magazine que je lis toujours depuis le premier numéro (1966), où il officiera entre 1973 et 2017 (avec une coupure de 1983 à 1990), date de sa retraite. Le type a tout fait, tout vu et porté plusieurs casquettes : dans le désordre, il a travaillé dans la presse écrite à Métal Hurlant, Les Nouvelles Littéraires, Playboy, Libération… pour la radio France Inter ou RTL… pour la télévision aussi sur Antenne 2 (dois-je rappeler « Les Enfants du Rock » ou « Sex Machine » dans les années 80), Canal+, Canal Jimmy et M6.
Outre le rock, Manœuvre s’est beaucoup investi dans la BD ainsi que dans l’édition avec sa collection Speed 17 aux Humanoïdes, nous permettant de découvrir pour la première fois en France, Charles Bukowski, Hunter Thomson ou Hubert Selby ou milieu des années 70. Là encore je lui dis merci !
Le bouquin ne s’attarde pas tellement sur les groupes rock étrangers, comment pourrait-il en être autrement, il les a presque tous vus et interviewés aux quatre coins du monde, par contre il consacre un chapitre complet à Gainsbourg très réussi, un à Johnny Hallyday et un autre, à l’une de ses idoles, Michel Polnareff.
Sur lui-même, il n’hésite pas à révéler son alcoolisme passé (durant 25 ans !), sa consommation de drogues et sa situation familiale. A ma grande surprise et déception dois-je dire, j’ai appris qu’il avait un intérêt pour le mysticisme, genre tarot divinatoire, sorciers… et qu’il aurait vu un OVNI !!! Peut-être sont-ce les séquelles des excès cités précédemment ?