Edward Lewis Wallant – Moonbloom ***

Edward Lewis Wallant – Moonbloom ***

Éditeur : Points – Date de parution : janvier 2018 – 336 pages

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Norman Moonbloom est le gérant de quatre immeubles à New York. Chaque semaine, il rend visite à ses locataires, un par un, pour prélever le loyer. Et à chaque visite, chaque locataire lui assène une tranche de sa vie, lui raconte ses petites misères, ses obsessions, lui expose ses réclamations, se confie, se plaint… Moonbloom est le confident idéal.

Nous découvrons une palette de personnages tous plus fous et perchés les uns que les autres ; comme cet italien obsédé par le mur de ses toilettes, ou ce professeur d’anglais alcoolique qui lui récite du TS Eliot avec fureur… ou encore ce vieil homme presque centenaire qui accumule la crasse et la saleté chez lui, attirant blattes et cafards dans son immeuble.

A chaque visite, Moonbloom accumule les promesses. Il ne supporte plus ces locataires mais pourrait-il vraiment se passer d’eux ? Au fond, qui a le plus besoin des autres ? Le jeune homme va découvrir que le rire et la tristesse ne sont qu’une seule et même chose. Le rire n’est que la face cachée de la tristesse. Douleur et joie demeurent interchangeables. Devant la misère des autres il se met à rire, sans pouvoir se contrôler. Comme un instinct de survie ?

« Les pleurs et le rire exprimaient tous les deux ce que la vie pouvait avoir d’irrésistible : la douleur et la joie étaient interchangeables. Comment avait-il choisi le rire? »

Moonbloom est un drôle de personnage, en proie à la solitude, pas plus sain d’esprit que ses locataires geignards. Il n’a jamais rien fait d’excessif, n’a jamais dépassé les bornes. C’est le type normal à qui on fait confiance immédiatement. Jusqu’au jour où il pète les plombs. Le roman de Edward Lewis Wallant est un subtile mélange d’absurde et de drame ; où la vérité se délivre à travers le masque de l’humour.