Iain Levison, né en 1963 à Aberdeen en Ecosse, est un écrivain américain. Après le départ de son père pour les Etats-Unis, il a vécu avec sa mère célibataire dans un quartier pauvre de la ville. En 1971 la famille se réconcilie et s'installe à Merion, une banlieue aisée de Philadelphie. Il vit actuellement à Taiyuan en Chine où il enseigne. Son dernier roman, Pour services rendus, est sorti en début d’année.
En 1969, ils étaient au Vietnam, Mike Fremantle, en tant que sergent aguerri, à la tête d’une section de combat, et Billy Drake, jeune recrue naïve. Presque cinquante ans plus tard, en 2016, les deux hommes vont se retrouver. Fremantle, proche de la retraite, dirige le commissariat d’une petite ville du Michigan, et le soldat malhabile est devenu un sénateur en campagne pour sa réélection, à l’autre bout du pays, au Nouveau Mexique. Ce dernier a raconté ses faits d’armes au Vietnam pour s’attirer un électorat de vétérans, et il recourt à son ancien chef pour les valider. Ce ne sera qu’une petite formalité, une interview télévisée amicale, dans laquelle Fremantle ne devra pas vraiment mentir, non, il devra juste omettre de dire toute la vérité…
Sans atteindre des sommets, nous voilà en présence d’un bien sympathique roman très agréable à lire de surcroit. Sans s’éterniser, le bouquin est assez court, Iain Levison aborde d’intéressants sujets, le thème principal tournant autour de la vérité et de son corollaire, le mensonge. Si pour certains, mensonge et vérité se distinguent aisément, la réalité sait être plus complexe, « Les faits ne sont pas l’histoire, dit-il après un bref silence. Vous pouvez connaître tous les faits et vous tromper sur l’histoire », et d’enchainer avec un exemple troublant où sont comparés Martin Luther King et Adolphe Hitler ! Quant à Fremantle, lui qui a horreur qu’on lui mente et qui s’y connait en la matière, en tant que shérif, le tout petit mensonge initial devant rendre service à Drake va le ramener dans le bourbier vietnamien – attisé par les médias et l’adversaire politique du sénateur – et offenser sa morale.
Et là, l’écrivain en profite pour égratigner les mœurs des politiques en campagne électorale (ce qui nous parle bien !) qui s’ajoutent au pouvoir des puissants (Un petit mensonge de Fremantle contre l’assurance de voir sa fille entrer à l’Ecole de médecine). Ajoutons à ces piques lancées par l’auteur, des pages sur le Vietnam venant noircir un tableau déjà bien chargé.
Le roman est bien torché, le portrait psychologique des acteurs bien campé et le ton désabusé, sans éclats de voix, en rend la lecture très agréable. Cerise sur le gâteau, on appréciera le coup de théâtre final qui en quelques lignes à peine, éclaire définitivement le titre de l’ouvrage.