L’enfant du Cerf, Shikanoko | Livre 1 | Lian Hearn
Si seulement les hommes suivaient vraiment la voie de l’Illuminé. S’ils fuyaient l’ambition et la soif de pouvoir, s’ils refusaient de tuer et se contentaient de ce qu’ils ont, ils ne plongeraient pas sans cesse le monde dans la souffrance.
Principalement connu pour sa trilogie Le Clan des Otori, écrit en 2002 et sortie en France la même année chez Gallimard dans leur collection Jeunesse. Livre marquant de mon adolescence, Lian Hearn remet le couvert en dévoilant L’Enfant du Cerf, un prequel à la naissance des Otori. Premier tome d’une quadrilogie, L’enfant du Cerf est sortie chez nous en 2017 toujours chez Gallimard (tant qu’à faire). Je fais une petite entorse à ma révulsion pour la littérature jeunesse et (re)découvre avec plaisir l’écriture de Lian Hearn.
Ce qui est chouette avec cette autrice, c’est qu’elle ne traite pas son lectorat comme des enfants, et séparé par un genre. Une fille en lisant ces livres pourra se dire qu’elle aussi peut sauver une dynastie que le gamin à côté d’elle. Moi, ça, j’apprécie. De plus, ses personnages se posent de vraies questions, loin d’être existentielle. Ils sont profonds et pas forcément manichéen. Shikanoko, Tama, Aki, Kiyoyori ou encore Le Prince Abbé, tous on a perdre quelque chose dans cette guerre des clans qui s’annoncent.
Comme souvent, avec les premiers tomes, ceux-ci servent à poser les bases d’une histoire qui se développera aux fils des tomes. Pourtant, c’est déjà un tome riche où il se passe énormément de chose. Certains naissent et d’autres meurent sans parfois avoir le temps de s’y attacher et Shikanoko est déjà face à des choix qui changeront le cours de l’Histoire.
Bien que j’ai vogué sur la nostalgie tout le long de la lecture, il n’en reste pas moins que je lui trouve quelques défauts imputé à son lectorat. Forcément, je l’ai trouvé court et rapide. L’autrice passe parfois des situations à la moulinette et on ressent de temps en temps quelques coupes scénaristiques. J’apprécie de plus en plus les univers qui se détaillent au fil des pages, mais je sais qu’étant dédié à un public jeune, le roman ne peut pas s’éterniser au risque de finir par ennuyer son lecteur. Pour autant, j’y ai retrouvé tout ce qui faisait que j’aimais l’écriture de Lian Hearn. Une poésie et une beauté dans les mots qui rendent justice à une culture fantasmée.
Conclusion, un premier tome qui pose les bases d’une histoire où spiritualité et honneur se font face. Un prequel de qualité qui annonce des tomes futurs excellents et qui devront répondre à des questions que ce pose déjà le lecteur. Lian Hearn a créé un monde envoûtant et onirique, rendant hommage aux plus beaux contes épiques du Japon où créatures du folklore et humain se côtoient. Un livre jeunesse pourtant très adulte.
Edition Gallimard (collection jeunesse)
325 pages
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