Bonjour à tous !
Cette fois, je ne vous parlerai pas d'une de mes lectures, du moins pas directement. Je voudrais partager avec vous une expérience qui m'a secouée cette semaine.
Tous les ans, il y a, en France, une Journée nationale des écrivains persécutés, empêchés et emprisonnés. Première nouvelle pour beaucoup d'entre vous, j'imagine... Car on n'en parle pas beaucoup, pas assez en tout cas.
A cette occasion, mes élèves de 3e ont eu la chance de bénéficier de deux interventions autour d'un beau projet. Ils ont d'abord dû choisir des poèmes qu'ils ont appris à dire à voix haute avec deux slameurs de la compagnie Uppercut, afin d'aller les réciter dans les autres classes et de se faire les vecteurs d'une parole brimée. Ils ont ainsi lu des poèmes poignants venant de tous horizons : Ousmane Doumbouya, Moneim Rahama, Salah Al Hamdani, Robert Desnos, Nazim Hikmet, Pablo Neruda, Nedim Gürsel et bien d'autres encore.
Ils ont surtout eu la chance de rencontrer deux personnes chaleureuses et touchantes. Thelma Chikwanha est une journaliste exilée du Zimbabwe, pays dans lequel, malgré de nombreuses libertés écrites dans la loi, il est impossible de s'opposer à la famille au pouvoir. Moneim Rahama est un journaliste et poète originaire du Soudan où il a été arrêté, torturé et condamné à mort. Tous deux se sont réfugiés en France après de nombreuses péripéties et n'ont toujours pas obtenu de véritable statut. Toutefois, grâce à La Maison des Journalistes, ils sont en sécurité et vont dans les établissements scolaires qui le souhaitent pour raconter leur histoire. Tout cela grâce à l'investissement des Itinéraires poétiques de Saint Quentin en Yvelines.
Ce fut un beau moment, chargé d'émotions, pendant lequel mes chers élèves se sont comportés de façon exemplaire, sûrement parce que leur attention, leur curiosité et leur étonnement n'étaient pas feints. Ce qui les a le plus marqués, c'est la violence dont les deux journalistes ont été victimes et surtout l'absence d'intervention systématique de tous les autres pays, qui savent mais se taisent. Ils ne comprennent pas. Et je dois dire que moi non plus. Ils ont clairement senti que cela dépassait la politique, qu'on avait surtout affaire à de l'humain. Ils ont également fait le lien avec les migrants dont on parle très souvent et qu'on aide peu, finalement... Leur naïveté, leur colère m'ont fait du bien ! Même avec ces nouvelles générations qu'on ne comprend pas toujours, tout n'est pas perdu, au contraire !
J'en profite pour relayer les appels des blogueurs en ce jour particulier du 17 novembre.
N'hésitez pas ! On ne peut pas faire grand chose, mais ce qu'on peut faire, il faut s'en saisir. Il y a des choses bien plus graves que le prix de l'essence...
Priscilla (@Priss0904)
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