Candice vit à Londres, faisant des courses à vélo le jour, répétant une pièce de théâtre le soir. En cette fin d’année 1978, elle suit l’actualité de loin. Et pourtant, c’est une période importante pour le Royaume-Uni !
En effet en ces jours d’hiver se profile une profonde crise économique, et politique. Candice à vélo survole la ville, y aperçoit des rues encombrées de déchets et de véhicules, conséquences de la grève des transports. Elle y croise une femme effacée qui vient prendre des cours de diction au théâtre où un groupe de jeunes filles répète Richard III de Shakespeare, et qui se révélera être la cheffe du parti conservateur montant. Sous son regard à peine curieux des indices sont semés, un contexte socio-économique est évoqué : chômage croissant, difficultés à se loger et à trouver un travail, conditions de travail elles-mêmes de plus en plus difficiles… Candice semble se frayer un chemin au milieu de ces soubresauts économiques, de ce désordre ambiant, cherchant sa place dans une société en pleine transformation.
Chaque chapitre est mis en parallèle avec une musique de l’époque, élément plutôt sympathique pour se plonger dans l’ambiance sonore du moment. Tandis que l’auteur semble s’amuser à faire des comparaisons entre le personnage de Richard III et la dame de fer…
Si l’aspect documentaire, reflet d’une époque, m’a intéressée, je regrette qu’il ait pris le pas sur la fiction. Candice et Jones, les deux personnages principaux, ne sont finalement qu’à peine évoqués, illustrant des catégories socio-culturelles plus que des héros finement brossés. J’ai eu du mal à m’en faire une idée, et finalement leur histoire me semble anecdotique au regard du sujet principal du livre qui est l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.
Thomas B. Reverdy est un romancier français né en 1974.
L’hiver du mécontentement est paru chez Flammarion en août 2018 (18€).
Morceaux choisis :
« A vingt ans, on n’a pas assez d’expérience, alors on se fait des certitudes. »
« On ne devrait jamais nous engueuler pour nos erreurs C’est des erreurs, c’est tout. On sait bien qu’on les a faites, et on sait bien que c’est des erreurs »
« Il n’y a qu’à regarder des enfants L’amour, les romans, la tragédie, la vie c’est pour les filles. Les garçons, ils jouent »