Chronique « LE PRINCE DE LA NUIT – tome 8 – Anna »
Scénario de YVES SWOLFS
Dessin de THIMOTHÉE MONTAIGNE
Public conseillé : Ado / adultes (à partir de 16 ans)
Style : THIMOTHÉE MONTAIGNE
Paru le 14 novembre 2018 aux éditions GLÉNAT
56 pages couleur
14,50 euros
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Ca commence comme ça…
Kergan, initié par Arkanéa, parcours depuis des siècles en sa compagnie la terre d’Europe centrale. Les chasses nocturnes lui ont la force et l’expérience d’un Vampire ancien. En l’année 1013, ils se sont établis à proximité de Kiev. En imposant une paix relative et la religion grecque orthodoxe, le Prince Vladimir y règne en maître absolu.
Ce soir, Kergan chasse seul. Pour quelques pièces d’or, il pénètre dans le logis d’un artisan, qui lui offre de dormir avec ses 3 filles à l’étage. Le Vampire en profite pour s’abreuver du sang des deux plus âgées, sous le regard effrayé de la petite dernière. La fillette se sauve et va prévenir des gardes. Mais, arrivés dans la maison, Kergan s’est déjà “envolé”. De retour au refuge, il essuie les reproches d’Arkanéa…
Ce que j’en pense
Avec sa très belle série de vampires ”Le Prince de la nuit”, Yves Swolfs explore depuis 1994 la vie sauvage et sanguinaire de Kergan. Après un cycle de six albums qui traversait les époques jusqu’à notre monde contemporain, la série s’est arrêté en 2001. Puis, Yves Swolf a repris les pinceaux au début 2015 pour nous raconter la genèse de son personnage, qu’il situait à l’époque romaine, dans le pays des “Darces”.
Depuis, plus de nouvelles de son sombre anti-héros, car ce dernier s’est attaqué à western, “Lomesome” au éditions du Lombard. C’est donc avec une certaine surprise que j’ai vu apparaître au sur la couverture de ce nouveau tome “Anna” le nom de Thimothée Montaigne dans le rôle du dessinateur.
Ce nouveau tome fait un bond dans le temps. Après l’empire romain, nous retrouvons les deux vampires Kergan et Arkanéa en 1013, dans les environs de Kiev. Swolfs ne se concentre pas uniquement sur l’histoire des vampires, mais mêle leurs aventures à celui du Prince Vladimir. Le vieux monarque, perçu comme un tyran (il a imposé le christianisme et la paix) s’est mis à dos une partie de son peuple et en particulier son neveu Sviatpolk, qui lui voue une haine tenace. Kergan se retrouve par hasard au milieu d’une histoire d’histoire d’amour et de haine sur fond de lutte de pouvoirs… C’est sans doute la bonne idée de Swolfs, car on en sait déjà beaucoup sur Kergan, et cette histoire extérieure lui permet de densifier son nouveau récit.
Repéré par les éditions Soleil, le jeune dessinateur Thimothée Montaigne (“Malicorne”, “Le Troisième testament – Julius” avec Alex Alice) assure un travail avec une belle efficacité. Il faut dire qu’il a été à bonne école dans ses précédents travaux. Le dessin réaliste est toujours au service du récit. Détaillé et précis dans la reconstitution historique, il n’oublie pas la narration.
Evidemment, il ne s’agit pas du trait de Swolfs. Thimothée ne “singe” pas le trait du maître et c’est tant mieux. Les Gimmicks graphiques de ce dernier (l’utilisation de hachures au pinceaux pour le modelé) est presque inexistant dans le trait de Thimothée. On se sent en terrain connu, proche de l’univers du “3e testament”, dans cette ambiance médiévale primitive.
Alors, envie d’en reprendre une louche (de sang) et de suivre de nouveau notre vampire préféré ? Yves Swolfs continue de nous raconter son périple, accompagné au dessin d’un élève très doué.