★★★★☆ Les fureurs invisibles du coeur • John Boyne

Par Marine @blueM1991

Vu et revu sur les blogs et en librairies, ce roman est considéré comme LE coup de coeur de la rentrée littéraire 2018. Un livre qui s’étend de 1945 à 2015 et qui nous fait voyager en Irlande, aux Pays-Bas et à New-York. Un récit difficile et nécessaire pour comprendre les tourments des homosexuels en Irlande au cours de la seconde moitié du XXème siècle. 

╰☆ Résumé ☆╮

Cyril Avery n’est pas un vrai Avery et il ne le sera jamais – ou du moins, c’est ce que lui répètent ses parents adoptifs. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ?
Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif d’un couple dublinois aisé et excentrique par l’entremise d’une nonne rédemptoriste bossue, Cyril dérive dans la vie, avec pour seul et précaire ancrage son indéfectible amitié pour le jeune Julian Woodbead, un garçon infiniment plus fascinant et dangereux.
Balloté par le destin et les coïncidences, Cyril passera toute sa vie à chercher qui il est et d’où il vient – et pendant près de trois quarts de siècle, il va se débattre dans la quête de son identité, de sa famille, de son pays et bien plus encore.
Dans cette œuvre sublime, John Boyne fait revivre l’histoire de l’Irlande des années 1940 à nos jours à travers les yeux de son héros. Les Fureurs invisibles du cœur est un roman qui nous fait rire et pleurer, et nous rappelle le pouvoir de rédemption de l’âme humaine.

✿ Mon avis ✿

Les fureurs invisibles du coeur fait partie de ces romans qui nous accompagneront pendant longtemps. Un livre d’une qualité littéraire inégalable et un récit inoubliable. S’étendant de 1945 à nos jours (2015), John Boyne signe là une oeuvre qui mérite d’être soulignée par la critique. C’est assurément un texte fort et difficile, une beauté saisissante, une histoire tragique.

J’ai pris beaucoup de plaisir à me perdre au sein de cette Irlande ultra catholique dont je ne connaissais pas grand chose avant d’entamer le récit. Le personnage de Cyril Avery, enfant adopté à la naissance par la riche famille Avery, est victime de nombreuses injustices mais surtout de sa propre incapacité à dire la vérité. Une vie de faux semblants, de cache-cache et d’aventures nocturnes qui l’habituent à ne pas montrer sa vraie personnalité.

Il est difficile, en quelques lignes, de retransmettre l’atmosphère de ce livre très ambitieux et magnifiquement écrit. L’auteur a choisi de raconter la vie de Cyril 7 ans par 7 ans. Ainsi, nous le voyons évoluer dans le temps et dans l’espace, par tranche de 7 années. Petit, Cyril découvre qu’il n’est pas du tout attirer par les femmes, comme c’est pourtant le cas par son meilleur ami, Julian, qui ne parle que de cela. Non, lui, ce qu’il aime ce sont les garçons. En grandissant, cette découverte de sa sexualité va s’affirmer. Cyril aime les hommes. Pourtant, dans le contexte historique où il vit, cela est interdit. L’homosexualité est une horreur, une tare, un crime. Cyril doit donc cacher ce côté de lui-même et tenter de vivre du mieux qu’il le peut en sachant que ce qui fait partie de lui ne pourra jamais être exprimé au grand jour.

Au long de ces 600 pages, nous suivons donc les pas de cet homme, abandonné dès la naissance car né dans le péché. Accueilli par la famille Avery, Cyril sait qu’il a été adopté et qu’il ne fait pas vraiment partie de la famille. La mention « adopté » est un prolongement de son nom lorsqu’il se présente. Cela est très clair pour lui. Mais jamais Cyril ne pense à chercher qui sont ses vrais parents. La filiation et l’homosexualité sont les deux grand thèmes de ce récit et l’auteur suit ces fils conducteurs pendant l’intégralité de l’histoire.

Bien que le contenu de l’histoire soit très sombre et que l’on ait envie de se rebeller en découvrant l’étroiteur d’esprit de certains, la plume de l’auteur est si légère, presque humoristique à certains moments, que l’on ne peut s’empêcher de sourire. Je pense que c’est là que ce roman réussit à se distinguer. Car il mélange à la fois un récit historique poignant et un style décadent voir délirant. Le lecteur se sent réconforté en découvrant ces scènes d’un atrocité sans nom. L’Irlande catholique n’a pas été tendre avec ses habitants au cours du XXème siècle et j’ai d’autant plus apprécié voir Cyril déménager pour pouvoir vivre sa vie comme il l’entend ailleurs.

En résumé, une splendide lecture que je ne regrette pas une seconde d’avoir lu. C’est assurément une oeuvre d’une très grande qualité littéraire qui dépeint superbement l’Irlande du XXème siècle. De 7 ans en 7 ans, je vous invite à vous plonger dans la vie de Cyril, un homme tourmenté et secret qui méritait beaucoup plus de la vie mais qui a su s’accommoder des événements qui lui sont tombés dessus pour survivre et apprendre à s’aimer lui-même. Grâce à la plume enchanteresse de l’auteur, on entre immédiatement en immersion pour ne reprendre notre souffle que lorsqu’on atteint l’épilogue. Inoubliable.

4,5/5

Plus d’infos sur Amazon, c’est par ici. 

CHRONIQUE #462 – Novembre 2018 

Titre : Les fureurs invisibles du coeur

Auteur : John Boyne
Editeur : JC Lattès
Parution : août 2018
Nombre de pages : 580 pages
Genre : Littérature 

Publicités