Chronique « 3 RÊVERIES »
Scénario & dessin de MARC-ANTOINE MATHIEU
Public conseillé : Adulte / Ado
Style : Poème graphique / O.V.N.I.
Paru le 21 novembre 2018 aux éditions DELCOURT
180 pages
34,90 euros
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Ce que j’en pense
Peut-être connaissez vous Marc-Antoine Mathieu (MAM pour les intimes). Cet auteur-explorateur nous livre sa publication annuelle aux éditions Delcourt. Après sa série à succès “Julius Corentin Acquefacques” qui explorait de façon ludique la BD et ses concepts (la narration, le temps, les 2 dimensions…), MAM s’est tourné vers des albums au ton poétique encore plus personnels (si, si c’est possible !). Avec “S.E.N.S”, “Otto, l’homme réécrit” ou encore “3 secondes”, il pousse encore plus loin sa réflexion sur le médium, nous offrant à chaque fois une expérience encore plus dingue !
Ce nouvel opus “dépasse les limites”. C’est un poème graphique en trois parties, qui joue autant sur la forme que sur le fond. Quand vous ouvrez le coffret ( l’écrin, devrai-je dire) de “3 rêveries”, ce n’est pas un album que vous découvrez, mais un ensemble de trois “objets”.
Le premier paquet intitulé “Homo Temporis” explore la notion de temps. Physiquement, cela se présente comme une gigantesque frise composée de cases horizontales. A la façon d’une BD classique, chacune s’enchaîne avec la suivante pour nous raconter un récit, uniquement par un mouvement de zoom avant ou arrière. Tout commence avec un plan sur un silex. La caméra zoome et nous découvrons derrière, un autre silex géant, sur lequel un homme est assis. Ce dernier décoche une flèche… qui s’envole… et vient se figer à côté d’un homme accroché à une parois…
Sous cette frise, vous trouverez le paquet “Homo Faber”, qui explore “le “faire” de l’humanité. C’est un ensemble d’illustrations indépendantes qui se regardent à la suite pour dévoiler un récit très onirique. C’est un homme visible partiellement qui se lève lentement. De ses mains coulent des racines qui l’enveloppent…
Enfin, le troisième paquet est un long rouleaux, titré “Homo Logos”. Ce dernier évoque “la pensée” dans une illustration géante qui nous emmène dans les étoiles…
Une fois de plus, Marc-Antoine Mathieu explose les codes de la BD. D’ailleurs, est-ce encore de la bande dessinée ? j’ai plutôt l’impression d’avoir entre les mains un “livre d’artiste” édité (curieusement) par les éditions Delcourt.
Ceux et celles qui sont sensibles à cette poésie graphique où il faut « laisser ses sens parler sans forcément chercher à comprendre » seront ravis. C’est un voyage rêvé auquel nous convie MAM, autant qu’une réflexion sur l’humanité. Est-ce le but d’une BD ? Pour MAM et ses aficionados (dont je fais partie), pourquoi pas ?