Adrian, née fille, a été élevée en tant que garçon par son père, lui qui voulait tant un héritier et n’avait que des filles. Un secret bien gardé, jusqu’à ce jour tant attendu où Adrian l’accompagne pour la première fois à la chasse, mais est abusée par un autre chasseur. Choquée, Adrian assomme l’agresseur avec une pierre (elle le pense mort) et s’enfuit du village.
Elle entame alors un périple, s’arrête chez une vieille femme quelques mois et y donne naissance à une fille, fruit de son viol. Elle laisse cette enfant à un couple, puis repart, jusqu’à la ville où elle espère se fondre dans la foule. Elle y rencontre Gisela, une prostituée qui lui fera découvrir l’amour, jusqu’à ce que la folie des hommes la lui enlève.
Elle reprend alors sa fuite, de village en village.
Elle s’arrête un jour dans l’un d’eux, où elle est accueillie chaleureusement par Enmi, le chef de village. Elle se lie rapidement avec Manusche une femme habillée en homme. C’est une « vierge jurée », qui a refusé un mariage non souhaité en échange du serment de rester à tout jamais loin des hommes et d’oublier sa féminité. Manusche est troublée par cette présence masculine et déstabilisée par le trouble que suscite sa silhouette androgyne, sa proximité, ses silences. Jusqu’au jour où elle découvre sa véritable nature… Mais encore une fois, la réalité les rattrape et elles échappent de peu à la mort…
J’ai apprécié ce roman dont les personnages interrogent sur la féminité, la liberté d’être femme et d’être soi aussi. Adrian aussi bien que Gisela, Manusche ou encore la jeune fille née du viol et qui partira à son tour à la recherche de son identité, sont des personnages ambigus, aux destins contrariés, et rappellent qu’il n’est pas toujours simple de se trouver. J’ai découvert aussi la réalité des « vierges sous serment », tradition des Balkans. Si l’histoire se lit bien, je n’ai cependant pas été captivée par le récit, agréable mais ce n’est pas un coup de coeur.
Emmanuelle Favier, née en 1980, est une auteure et journaliste française.
Le courage qu’il faut aux rivières a été édité par Albin Michel en août 2017 (17€).