John Donaldson Voelker (1903-1991) est un avocat, juge et écrivain américain. Sous son nom de plume Robert Traver, il est surtout célèbre pour son roman Autopsie d'un meurtre, publié en 1958 puis adapté en 1959 par Otto Preminger sous le même titre avec Jimmy Stewart dans le premier rôle. Itinéraire d’un pêcheur à la mouche (1960) vient d’être réédité dans une édition augmentée de 22 illustrations originales de Glenn Wolff.
Une collection de vingt et un récits liés à la pêche à la mouche comme on l’aura deviné. Certains vont certainement soupirer que c’est du déjà lu et ce n’est pas entièrement faux puisque ce bouquin se rangera très facilement à côté de ceux de John Gierach pour n’en citer qu’un. Pourtant… il y a là quelque chose en plus qui en fait mon coup de cœur du moment.
Tous les récits se déroulent dans la péninsule supérieure du Michigan, zone limitée au nord par le lac Supérieur, à l'est par la rivière Sainte-Marie, au sud par les lacs Michigan et Huron et à l'ouest par l'Etat de Wisconsin. Pour ceux qui aiment la précision. Le narrateur fait partie de cette gentille « secte » des fondus de pêche à la mouche, une activité le plus souvent pratiquée en solitaire, dans des lieux tenus secrets et particulièrement complexes à rejoindre. A ce propos, une première partie du trajet est fait en voiture, un tacot restauré autant qu’adoré, chargé comme une mule d’un matériel de survie en rase campagne en complément de celui dédié à son art préféré ; sans oublier la glacière avec les bières, non mais !
Je vous épargne le reste des histoires contées par Voelker, il y en a de prévisibles et d’autres plutôt originales, dans une nature grandiose et sauvage, mais ce qui en fait un très chouette bouquin, c’est son humour. Fil rouge permanent, l’ironie et plus précisément l’autodérision, mêlé d’un humour simple et naïf comme on le pratiquait autrefois (« Il cracha un torrent de jus de chique qui fit monter le niveau du barrage de six pouces… » ou encore « J’avais certes une excuse : cela faisait seulement quinze ans que je venais pêcher dans cette rivière. »).
Une écriture vive comme ces truites tant aimées pour une lecture très fraîche et distrayante où l’on peut y voir une philosophie de la vie pas désagréable du tout. Comme une pause relaxante dans ce monde de brutes.