Le sang des lumières (Lynda Guillemaud)

Le sang des lumières (Lynda Guillemaud)

Disponible sur Amazon

Violence à l'origine (Martin Michaud)

Auteur : Lynda Guillemaud

Edition Librinova

Paru le : 26 Octobre 2018

594 pages numérique (epub)

Thème : Historique

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 Résumé :

« 1789. Alors qu’elle s’apprête à mettre les voiles pour l’Amérique avec son mari et ses enfants, Éléonore, l’aristocrate indisciplinée amie du roi et de Beaumarchais, est emportée malgré elle dans le tourbillon de la Révolution française : la prise de la Bastille, la chute des Tuileries, la mort de Louis XVI, la Terreur... Elle risque de tout perdre : sa fortune, sa liberté, mais aussi l’homme qu’elle aime, ses enfants et jusqu’à sa propre vie. Mais si elle n’est pas femme à se soumettre aux événements implacables de l’Histoire, pourra-t-elle traverser la Révolution sans y laisser l’essentiel ?
Dans ce siècle des Lumières qui se termine dans le sang et dans lequel elle ne se reconnaît plus, la fière Éléonore devra lutter pour survivre et ne pas tomber dans la déchéance la plus sordide. Parviendra-t-elle enfin à partir pour les Amériques où les hommes et les femmes sont libres et dont elle rêve depuis son enfance ?
Retrouvez les personnages du Vent des Lumières dans cette grande fresque historique entre la France et Saint-Domingue, avec la Révolution en toile de fond.
Comme dans Le Vent des Lumières, Éléonore nous permet de traverser une époque et de côtoyer les personnages historiques qui ont fait la Révolution : Louis XVI, La Fayette, Robespierre, Babeuf, Napoléon… Plus sombre que le premier tome, ce roman fait néanmoins la part belle à l’émotion en décrivant le parcours d’une femme ébranlée dans ses convictions les plus profondes. Difficile de sortir indemne d’une époque marquée par la violence et la misère, mais à laquelle on doit cependant des progrès économiques, politiques et scientifiques sans précédent.
»

La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

Le sang des lumières (Lynda Guillemaud)

Par le biais du site simplement, j'ai eu la proposition de découvrir ce livre. Merci à l'auteur, Lynda Guillemaud pour sa demande. J'avoue que je l'avais complètement oublié et je regrette de ne pas l'avoir ouvert plus tôt. Il s'agit apparemment d'une suite, mais je certifie qu'il peut être lu sans avoir connu le précédent. La couverture est magnifique, lumineuse de surcroit.

Nous suivons Éléonore et Olivier, des aristocrates en pleine Révolution Française. Ils ont décidé de partir en Amérique, afin d'y construire une nouvelle vie avec leurs enfants. Malheureusement, la reine a besoin d'Éléonore. Cette dernière, costumé tel un homme, sera celle/celui qui sera le plus proche de la royauté. Le départ est retardé pour elle et les enfants. Olivier va partir pour préparer le terrain, contre son gré. Bien des épreuves les attendent l'un comme l'autre avant de pouvoir avoir un certain retour à la normale, si on peut le dire de cette façon alors que la France toute entière est prise d'assaut.

Le livre est découpé en trois parties distinctes. Il y a trois époques, le sang de la Bastille (1789-1791), Le sang du Roi (1792-1794), Le sang de la République (1794-1799). Dix années vont s'écouler.  Dix années que les Français vont voir dans leur pays à feu et à sang.

Lorsque Olivier part, deux histoires se suivent et se ressemblent. Éléonore est aux prises avec ceux qui veulent renverser la royauté. A bas les privilèges, le peuple veut du pain. Les femmes sont dehors pour leur famille, pour que leurs enfants arrêtent d'avoir faim. Le Roi n'est pas insensible et propose même à ce que du blé soit apporté. Ce n'est que le dessous d'une guerre qui est en marche. La Bastille est renversée, des morts tombent. Celui ou celle qui veut fuir le pays est considéré comme un traître, inscrit sur une jolie liste afin de l'emprisonner et accessoirement d'en finir avec sa vie. Mais tout cela c'est de l'histoire, celle de notre France. L'auteur a su mettre en valeur un personnage qui gravite au sein même de tout cela, Éléonore. Une femme qui est assez haute dans la société car elle est proche du roi et de la reine. Une femme qui adore devenir un homme, le Chevalier de Keroman pour entrer dans des cercles fermés et ainsi y découvrir ce qui se trame. Une femme qui fait tout pour son pays, sa famille, quitte à être emprisonnée.

De son côté, Olivier est dans un cas de future guerre. Saint-Domingue est en feu. Les esclaves noirs veulent êtres libres. Olivier est pris en tenaille, devenant un prisonnier. Celui d'une prêtresse. Cela peut prêter à rire, mais il n'en est rien. Estazée est une femme de pouvoir et sait comment se faire entendre. Un peuple qui veut pouvoir choisir sa vie, son chemin, ne plus être sous le joug des blancs. Une autre histoire réelle qui a malheureusement vu le jour. Malheureux dans le sens où il y a eu des morts, mais la liberté a un prix.

« De l’autre côté de l’Atlantique, une véritable guerre civile avait pris possession de Saint-Domingue et s’était propagée à toutes les Caraïbes. Après le soulèvement des mulâtres, rejoints par les esclaves noirs, l’île était en proie à toutes les horreurs. Plus de cent mille Noirs parcouraient en maîtres les campagnes, brûlaient les maisons, ravageaient les récoltes, égorgeaient les Blancs qu’ils trouvaient sur leur passage. Seules les villes du Cap et de Port-au-Prince restaient encore à peu près sûres pour les colons, mais leur population était décimée par les famines et la maladie. Le gouverneur de Saint-Domingue, M. de Blanchelande, avait réclamé par trois fois des renforts et la Constituante avait réquisitionné vingt mille hommes et quatre-vingts millions de vivres et de fournitures. Mais en attendant leur arrivée, la donne avait de nouveau changé sur l’île. Estazée avait en effet mené un combat souterrain pour rapprocher les mulâtres et les Nègres affranchis des négociants. Elle avait profité pour cela de la présence d’Olivier, prisonnier sans vraiment l’être, un peu comme le roi aux Tuileries... »


L'auteur a su reprendre des faits réels pour en écrire une histoire. J'avoue qu'au début j'ai eu du mal à m'intégrer. Beaucoup de descriptions et quelques longueurs ont failli avoir raisons de moi. Et d'un coup, un simple déclic, dès que l'héroïne intervient, se met en action je n'ai pas pu lâcher le livre. De l'action, il n'en manque pas. Éléonore va subir bon nombre d'outrages, emprisonnement, changement d'identité pour survivre, victime de tentative "d'assassinat"... Elle est forte, un enthousiasme envoutant et se propageant sur ceux qui l'entoure. Robespierre, Napoléon, Beaumarchais ne sont pas juste des noms. Ce sont des hommes qui ont comptés d'une manière ou d'une autre dans sa vie. Se servir ou être utilisée, Éléonore va jusqu'au bout des choses. Un peu trop même. L'auteur a réussi à me faire pleurer à plusieurs reprises. et je dois dire que c'est vraiment une première fois d'avoir les larmes qui coulent aussi souvent en lisant une histoire. Je n'ai pas pensé à la réalité, j'ai vécu cette réalité, le cœur serré de voir une mère obligée de se séparer de ses enfants pour qu'ils puissent avoir une vie meilleure.

Il y a beaucoup d'émotions, de complots, de sentiments, de violences en ces temps durs. Un peu de bonheur pour tenter de prendre une bouffée d'air avant de perdre la tête. J'ai adoré être dans le quotidien de cette femme hors norme. Elle n'est pas une super-héroïne, car elle ne s'en sort pas indemne, ne passe pas au travers des mailles. Elle croit en quelque chose de juste et si tient. Ne changeant pas sa veste en un mouvement de bras. Avec Olivier qui est loin, c'est compliqué. Même s'il revient, ils vont se perdre de vue durant de longs mois. Vivants ou morts ? En ces temps compliqués, avoir des informations est difficiles et savoir qui est encore en vie l'est tout autant.
« Les mains attachées derrière le dos, le roi se laissa couper les cheveux sur la nuque, puis entreprit de grimper l’escalier de bois qui menait à l’échafaud, si raide et si étroit qu’il manquât tomber. Lorsqu’il parvint en haut, Louis XVI s’arracha soudain à ses bourreaux et traversa la plateforme d’un pas assuré et même souverain. Il toisa la foule et, d’un signe de tête qui n’appelait aucune contestation, suspendit les roulements de tambours.
— Français, vous voyez votre roi prêt à mourir pour vous. Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute, cria-t-il d’une voix tonnante. Je pardonne aux auteurs de ma mort et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France…
C’en était assez ; on fit reprendre les tambours pour couvrir la voix du roi tandis que, sur la plateforme, le bourreau et ses aides plaçaient le condamné sur la bascule, le sanglaient, l’amenaient sous la lunette. Soudain, tout allait très vite.
La foule entière retint son souffle. Éléonore ferma brièvement les yeux, libérant les larmes contenues au bord de ses paupières. »
J'aurai encore beaucoup de bien à dire sur cette histoire. Je vais juste dire que c'est une sacrée histoire à découvrir que je vous recommande.

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