
Une belle et bonne semaine livresque vient de s’achever. J’ai lu un ouvrage de non-fiction qui m’a pas mal brassée, un album jeunesse doudou signé Olivier Tallec et un documentaire précieuxsur l’histoire de l’art. C’est parti!Ce n’est pas un secret, je m’intéresse à l’histoire (présente et passée) desIndiens d’Amérique du Nord – ou Autochtones ou Amérindiens, comme vous voulez – depuis belle lurette. Il va sans dire que je voulais absolument lire La note américaine de David Grann. D’autant plus que j’ignorais tout des Osages. Pour l’histoire, j’ai été gâtée. Mais pour l’Histoire avec un grand H, mon indignation en a pris tout un coup.Au début des années 1870, quelques milliers d'Osages ont été déracinés et repoussés par le gouvernement américain sur un terrain rocheux et aride au nord-est de l’Oklahoma. Des décennies plus tard, ils ont découvert que leur réserve était assise sur un des plus grands gisements de pétrole des États-Unis. Au début des années 1920, l’or noir s’est mis à jaillir de la terre.Grâce au pétrole, les Osages sont devenus extrêmement riches. Les voitures de luxe clinquantes se sont mises à défiler dans les rues et les maisons cossues ont poussé comme des champignons. Les prospecteurs, qui devaient louer des baux aux Osages, arrivaient par pochetées des quatre coins des États-Unis pour récolter leur part du gâteau. Le gouvernement américain, en bon père de la nation (c’est sarcastique, là!), a décrété que plusieurs Osages étaient inaptes à gérer leur propre argent (tant qu’à les infantiliser jusqu’au bout...). Ils ont été mis sous tutelle. De gros bonnets Blancs ont été mandatés pour gérer leur fortune en tant que tuteurs légaux. Il n’en fallait pas plus pour ouvrir la porte à la fraude et à la corruption.Les Osages ont commencé à tomber comme des mouches. Entre 1921 et 1925, c’est plus d’une vingtaine d’Osages qui sont morts. Certains abattus, d’autres empoisonnés. Un couple est mort après l’explosion d’une bombe dissimulée sous leur maison. Le règne de la terreur était en cours. Les autorités judiciaires locales et des détectives privés ont enquêté, mais ils ont été incapables de lever le voile sur ces meurtres, ou pire, ils étaient corrompus. En gros, la corruption s’était infiltrée dans toutes les institutions du comté.En 1925, aucun meurtre n’avait été élucidé. La situation devenait à ce point préoccupante (enfin!) que l’intervention du Bureau Of Investigation (qui allait devenir le FBI) était requise. J. Edgar Hoover, son nouveau directeur, mandata Tom White, un ancien Ranger du Texas, pour démanteler les meurtres. Il s’est constitué une équipe et, ensemble, ils sont partis enquêter sur le terrain. Le panier de crabes dans lequel ils sont tombés leur a fait pousser des cheveux blancs. C’est qu’il y avait un loup dans la bergerie, et ce loup avait un sacré pouvoir...C’est dans une colère rageuse que j’ai tourné la dernière page de La note américaine. J’ai dévoré cette enquête, à la fois fascinée et révoltée. Tant de corruption et d’exploitation sont inimaginables. Le journaliste américain David Gran a le tour d’harponner son lecteur. Dès les premières pages, il entre dans le vif du sujet avec la mort suspecte d’Anna Brown, soeur de Mollie Burkhart, mariée à un Blanc. Au fil des pages, c’est toute la famille de Mollie qui est décimée. Par qui? Pourquoi? L’anguille sous roche se révèle monstrueuse...
David Grann a consacré plusieurs années de sa vie à passer au peigne fin les archives et à décortiquer ce dossier. Ce travail de recherche méticuleusement documenté est passionnant à lire de bout en bout. Les faits, les témoignages et les photos donnent froid dans le dos. Si ce pan de l’Histoire est maintenant derrière, les traces laissées dans le présent des Osages ne sont pas prêtes de s’effacer... À savourer comme un excellent roman policier, à la différence près qu’ici, tout est (malheureusement) vrai. Indispensable.La note américaine, David Grann, trad. Cyril Gay, Globe, 360 pages, 2018.
★★★★★C’est aussi un coup de coeur pour Electra et Eva, deux lectrices de bon goût!
Un petit garçon reçoit un chien en cadeau de Noël (ou est-ce un chien qui reçoit un petit garçon en cadeau...?). Ça faisait longtemps qu’il en espérait un. N’empêche, il aurait bien aimé pouvoir le choisir. Tant pis, il fera avec. Le garçon et le chien apprennent à se connaître et s’apprécient de plus en plus. Au fil des pages, quelque chose se met à clocher et le doute pointe. Qui parle, au juste? Est-ce le gamin ou le chien? En tout cas, celui qui parle trouve que l’autre a de drôles de goûts et d’étranges habitudes.Olivier Tallec a choisi un angle original pour raconter avec humour et délicatesse l’amitié entre un humain et un chien. L’inversion des rôles se révèle surprenant de prime abord, puis d’une redoutable efficacité. Le texte au «je» sied bien à l’histoire. Les illustrations sont toujours aussi splendides, vitaminées et tellement expressives. Un album parfait à glisser sous le sapin. Surtout si vous ne comptez pas offrir un vrai chien à vos p’tits loups!

J’en rêvais depuis longtemps, Olivier Tallec, Actes Sud junior, 32 pages, 2018. À partir de 5 ans.


