Chronique « LES OGRES-DIEUX – Tome 3 – Le grand Homme »
Scénario de HUBERT
Dessin de VINCENT GATIGNOL
Public conseillé : Adultes
Style : Fable Gothique
Paru le 21 novembre 2018 aux éditions SOLEIL, collection « Métamorphose »
188 pages couleur
26 euros
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ça commence comme ça…
Le règne des Ogres-dieux touche à sa fin. Pour l’amour d’une simple humaine, Petit, le demi-ogre a refusé de monter sur le trône. Le château des dieux sur la montagne est en flamme et le grand chambellan tente de conserver un semblant de pouvoir, dans le chaos ambiant…
Dans la forêt, Petit et Sala s’enfuient. Ils affrontent une troupe armée, dont la supériorité numérique les submergent…. Ils ne doivent leur survie qu’à l’arrivée inattendu d’un homme des bois recouvert d’une peau d’ours. Sala est capturée et emmenée, mais Petit est amené dans un village pillé. Là, sous la surveillance de l’Ours, il est soigné, malgré Eusébia, la femme de la maisonnée, qui voit dans ce petit géant une saloperie qu’il faut éliminer au plus vite. Mais l’Ours a d’autres projets pour Petit…
Ce que j’en pense
Hubert et Vincent Gatignol reviennent avec le troisième épisode de leur conte fantastique, Les Ogres-dieux. Après nous avoir raconté dans le détail la chronologie des rois-ogres dans le premier tome, puis leur déchéance avec la venue de Petit, le demi-ogre, voici venu le temps d’après. Les dieux sur la montagne n’existent plus et leur château est en ruine. Pour autant, les temps ne sont pas plus cléments pour les hommes. Certes, ils ne sont plus sous la dictature d’un tyran gigantesque qui peut les manger au moindre écart, mais à défaut de leader, leur monde se dissout dans le chaos.
Dans ces temps troublés, nous suivons la fuite de Petit devant les représailles de Sol, le grand Chambellan… Heureusement Petit n’est pas seul. Il tombe sur L’Ours, le personnage central et charismatique de ce tome, dont nous apprendrons tout. Originaire d’une ancienne tribu, L’ours a vécu plusieurs vies. Simple soldat, puis lieutenant brillant, il a tout gagné, tout perdu… et a dû se reconstruire, (corps et esprit) pour trouver sa place dans une société qui n’accepte pas les étrangers.
C’est presque une figure mythologique (façon héros antique) que nous racontent Hubert et Vincent Gatignol, un homme qui prend à bras le corps sa destinée !
Dans cette fable universelle, Hubert parle de lutte, de reconstruction et de combat contre l’oppression sous toutes ses formes. Un thème universel et donc contemporain, je vous dis…
Comme toujours, le charme opère dans cette fable gothique, sombre et épique. Les textes qui émaillent le récit et l’organisation en chapitres concourent à cette impression de lire un roman, une fable pour adultes.
Les dessins de Vincent Gatignol sont tout aussi spectaculaires que le récit est épique. En noir et blanc et niveaux de gris, Vincent trouve un traitement particulier (il inverse le noir/blanc de certaines zones). Le résultat est assez “étrange”, mais surtout particulièrement puissant. Le trait sans graisse se fait réaliste et expressif (les yeux et les expressions des visages sont très impressionnantes).
Il peut aussi autant choisir de s’exprimer dans un minimalisme de bon alois, que dans une foule de détails, ou dans un trait chahuté, charbonneux, pour exprimer une grande scène fantastique… Sa maîtrise du graphisme et de la narration sont impressionnants.
Merci à messieurs Hubert et Gatignol de nous offrir de tels petits bijoux sombres et gothiques. Merci à la collection “Métamorphose” de les éditer.