Editeur : Editions Pierre de Taillac
Cette nuit-là, je pus à peine dormir, si grande était mon espérance. Je rêvai de la beauté du monde extérieur et de ma fuite que j'avais déjà préparée en pensée depuis si longtemps. ; Alexander Langsdorff écrit ces lignes alors qu'il prépare une nouvelle évasion. Soldat allemand de 17 ans, il a été fait prisonnier, le 17 octobre 1916, près de Reims. Dès lors, le jeune homme ne pensera plus qu'à s'évader pour rejoindre les lignes allemandes. Malgré de nombreuses tentatives, il sera toujours repris, passera trois années en captivité dans la région d'Avignon et de Marseille, et échappera de peu à la peine de mort pour avoir volé et porté un uniforme français... Mais la chance finira par lui sourire : en 1919, il réussira à fausser compagnie à ses geôliers et, après une cavale d'une semaine, rejoindra enfin l'Allemagne : " je passai par le dernier contrôle américain via Westerwald. Le train roula dans la nuit vers Limburg. Je me tenais à la fenêtre et regardais en haut les étoiles, plein de reconnaissance. Sauvé, enfin, enfin ! "
⭐⭐⭐⭐⭐
Lorsque l'on parle de la guerre, on pense souvent aux prisonniers de notre pays, de la manière dont ils ont été traités. Mais vous êtes-vous déjà posé la question de comment votre propre pays traitait alors les prisonniers ennemis ? Je pense que la plupart répondra que non, après tout ce n'est que l'ennemi. Mais ami ou ennemi, un homme n'est-il pas toujours un homme ? Est-ce de sa faute après tout s'il est né dans un autre pays ? A-t-il demandé à ce que la guerre éclate ?
C'est pour une raison bien précise que j'ai voulu découvrir ce livre, on parle souvent de la captivité en Allemagne, mais quand parle-t-on de la captivité des Allemands en France ou ailleurs ? De plus, nous ne sommes pas ici dans une fiction, mais bien dans le témoignage laissé par un jeune soldat qui lors de sa captivité n'avait même pas atteint sa vingtième année. Si ce jeune homme à l'époque avait été traité correctement, il n'y aurait pas de livre, la réalité est toute autre, mais heureusement pour lui, il n'y a pas eu que de mauvais moments, bien que ceux-ci soient plus nombreux.
La guerre, c'est une horreur, peu importe le pays d'où l'on vient, peu importe nos croyances, peu importe notre âge, peu importe nos convictions, une vie humaine reste une vie humaine, un homme reste un homme. Durant la guerre 14-18, Alexander Langsdorff n'était qu'un adolescent, je suis maman de deux ados, et je peux vous dire que si la guerre devait éclater, je préfèrerais encore tuer mes enfants moi-même que de les laisser partir se battre pour peut-être ne jamais revenir et ne pas savoir ce qu'ils pourraient subir. Pourtant, j'admire les soldats, j'admire le fait que l'on puisse être prêt à se battre pour défendre son pays, chaque jour des hommes et des femmes se battent pour leur patrie et j'admire un tel courage, peu importe leurs pays.
Alexander Langsdorff a écrit ce qu'il a vécu après sa dernière évasion, réussie cette fois, il a voulu garder une trace de ce que les français lui avait fait subir, et croyez-moi, ce n'est pas une partie de plaisir. La faim, la soif, la torture, l'enfermement, des conditions de vie déplorables, tout cela parce que d'une part il était allemand, d'autre part parce avait tenté de s'évader. Je ne vous cacherai pas que j'ai parfois eu du mal à supporter ce qu'il a pu vivre, cela ne l'a pourtant pas découragé de vouloir encore tenter de s'évader, deux fois, trois fois, quatre fois, et enfin la cinquième qui fut la bonne.
Personnellement, je n'ai pas vu ici un allemand, j'ai vu un jeune homme qui luttait pour sa vie, pour sa survie, pour sa liberté. J'y ai vu un jeune homme à peine plus vieux que mes propres enfants, c'est peut-être cela qui a fait que j'ai eu envie de hurler à certains moments de son récit, que je retenais parfois mon souffle, que j'ai eu envie de pleurer le jour où il a enfin réussi à atteindre son but.
Honnêtement, ne vous arrêtez pas sur le fait que ce soit le témoignage d'un allemand, mais découvrez plutôt ce qu'il a vécu et posez-vous la question de ce que vous auriez fait à sa place.
La punition était dure : quarante jours d'arrêt de rigueur, c'est-à-dire trois jours au pain et à l'eau (400 g par jour !) et un repas chaud le quatrième jour seulement. Ces quarante jours, avec une couverture pour coucher par terre la nuit, suffisaient largement pour miner des organismes déjà affaiblis par l'évasion.Merci à Angélique et aux éditions Pierre de Taillac pour leur confiance.