A Roissy, une femme erre depuis 8 mois. Chaque jour elle parcourt des kilomètres, une valise à la main, veillant à rester propre, à changer de tenue régulièrement, à ne pas se faire remarquer.
Car malgré les apparences, elle fait partie du microcosme des sans-abris de l’aéroport, de ceux qui traînent, hagards, de ceux qui se faufilent, de ceux qui se montrent parfois et se cachent souvent. Mais elle ne veut pas se fondre dans la masse, même si elle y a trouvé refuge, la nuit, auprès de Vlad et de ses silences. Elle passe son temps à regarder les écrans, à s’imaginer des vies, pour oublier les flashs qui la hantent, les souvenirs perdus, la mémoire qui l’a fuie et qu’elle a peur de ne pas retrouver. Ou peut-être a-t-elle peur plutôt de retrouver un passé douloureux, dont elle ne veut pas, qui lui paraît rempli d’horreur.
Mais un jour, repérée à son tour, elle est accostée par un homme, présent tous les jours, comme elle, à l’arrivée du vol Rio-Paris. Continuant le mensonge, elle s’invente un traumatisme commun, tente avec lui de retrouver un semblant de normalité, même si elle rejoint toujours Vlad et les sous-sols le soir…
Mais les faux-semblants ne durent qu’un temps, et un beau jour la vérité de son état éclate, tandis qu’elle est forcée de révéler sa condition de fugitive, et même sa perception de drames dans une vie passée, pour lesquels elle aurait une responsabilité.
Au bout du chemin peut-être enfin la paix, une identité, la vérité…
J’ai trouvé cette histoire originale, insolite, mais étrange aussi. J’ai apprécié l’originale évocation de ce petit peuple invisible, dans un lieu foisonnant plutôt synonyme de rêves de voyages pour moi, de parcours et non de sur place.
Une jolie découverte. Peut-être chercherai-je la trace de ces habitants informels dans les visages rencontrés la prochaine fois que je me rendrai à Roissy !
Tiffany Tavernier est une romancière, scénariste et assistante réalisatrice française.
Roissy est paru aux éditions Sabine Wespeiser en aout 2018 (21€).