La première fois que Daoud a dormi chez Mila, elle n’était pas là. Comme chaque week-end, elle était à trois rues de l’appartement de sa mère, chez son père. Quand elle l’a vu dans le couloir, elle a eu tellement peur qu’elle a « hurlé pendant une éternité, le dos contre la porte de l’entrée. Bloquée. Piégée ». Heureusement sa maman est arrivée pour la calmer. Et lui expliquer que Daoud était accueilli clandestinement chez eux pour quelques temps, histoire de le protéger, de lui éviter la rue surtout. Et de finaliser son dossier de mineur isolé pour s’assurer qu’il puisse rester en France…
Un texte forcément engagé qui dit l’entraide et la fraternité. Un texte qui montre le point de vue d’une jeune fille de 12 ans se construisant un début de conscience politique et débordant d’empathie pour ce garçon venu d’ailleurs dont elle ne sait rien.
Pas simple pour Mila d’affronter le regard des camarades de classe venant à la maison et s’interrogeant sur la présence de cet « étranger ». Pas simple de défiler pour la première fois dans une manif pour les sans-papiers encadrée par les CRS. Pas simple de laisser Daoud sortir seul en se demandant si on va le revoir, s’il ne va pas finir par se faire arrêter. Pas simple de ne pas lui demander de raconter son histoire, son passé et son douloureux exil parce qu’on sait qu’il n’est pas encore prêt à en parler.
Il touchant ce texte. Plein d’incompréhension, de colère et de dignité face à la situation tragique des migrants. C’est aussi un bel hommage aux hommes et aux femmes qui luttent chaque jour pour leur venir en aide. Une leçon d’humanité, en toute simplicité.
Mille et une miettes de thomas Scotto (illustrations de Madeleine Peirera). Éditions du Pourquoi pas ?, 2018. 80 pages. 9,50 euros. A partir de 11 ans.