Attirée par le regard de cette souris perruquée et le titre mot-valise, j'ai acheté cet album pour mon apprenti musicien (7 ans) qui le trouvera au pied du sapin.
Anecdote : Il est dédié à Michel Plessix, l'auteur du Vent dans les saules dont Sabine a magnifiquement parlé ICI.
Je vous propose d'accompagner cette chronique d'un peu de musique - CLIC
À défaut d'avoir les moyens de s'offrir un piano, la famille Mausart, des souris, s'est installée dans celui du loup Antonio Salieri, le musicien officiel de la Cour Royale d'Autriche.
Toute la famille est férue de musique.
Le père, Léopold, est violoniste, le fils aîné (Wolfgang) et sa sœur cadette (Maria Anna) sont particulièrement doués et instruisent leurs cinq frères.
Depuis deux ans, ils écoutent en avant-première les créations de Salieri, même si Wolfgang estime qu'il y aurait quelques améliorations à apporter à ces " trucs ".
Un matin, alors que personne ne se trouve dans la pièce, même pas le chat Ligo, Wolfgang ose s'aventurer sur le clavier.
Oserait-il en profiter ? Cette opportunité pourrait-elle se représenter ?
Wolfgang saisit sa chance et s'élance.
Il saute, bondit, aérien, envouté et l'enchaînement des notes produit une merveilleuse mélodie, joyeuse et fascinante, qui s'envole par la fenêtre ouverte et arrive aux royales oreilles de Ses Majestés le Roi et la Reine (deux Oies).
Surpris et même époustouflé, le Roi envoie son valet Dom Juan (un coq) dire à Salieri qu'il veut le voir jouer cette musique le lendemain soir pour l'anniversaire de la Reine.
Incapable de reproduire une telle œuvre et terrifié à l'idée d'être renvoyé, Salieri charge le chat Ligo d'emprisonner la souris prodige.
Alerté, Léopold sait comment délivrer son fils et se rend à l'anniversaire de la Reine muni d'une flûte.
Ce très bel album zoomorphique revisite l'Histoire, la jeunesse de Mozart, et sa relation avec Salieri.
Longtemps, une légende a entretenu l'idée d'une rivalité entre les deux compositeurs (mais qui a, été plusieurs fois, invalidée) et elle sert ici de base pour créer un récit plein de vivacité, de persévérance et de passion, avec rebondissements, un soupçon de fantastique.
La chute m'a beaucoup plu !
Les dessins, les couleurs et les cadrages de Gadimir Smudja sont saisissants et facétieux.
Ils regorgent de détails, nous plongent dans cette époque pleine de faste, nous immergent dans ces intérieurs cossus et emplis de dorures, au milieu des toilettes amples de ces dames, ou de la foule nombreuse.
Les notes de musique qui émanent du piano sont belles, rondes, enjoliveuses, alors que celles de la flûte sont discordantes, abîmées, hachurées... Ces représentations m'ont renvoyée au Joueur de flûte de Hamelin et aux deux airs qu'ils jouent pour attirer soit les rats, soit les enfants.
Même si le zoomorphisme n'est pas ce que je préfère, il me faut dire qu'il sied parfaitement à l'album, à son ambiance et aux caractères que Smudja a voulu conférer à ses personnages.
Et qui parle instantanément à un jeune lectorat.
Il se referme sur un beau cahier de dessins et croquis.
Enfin, cet album donne envie d'en savoir plus sur Mozart, Salieri, leur relation et leurs œuvres. J'ai donc fait quelques recherches. J'aime !
Par exemple, savez-vous d'où est née cette légende sur cette supposée opposition ? (et qui a fait l'objet de la pièce puis film Amadeus - prénom que Mozart n'a jamais utilisé au passage) ?
Saviez-vous que Salieri avait été le maître de Beethoven, Schubert, Liszt et du fils de Mozart, Franz-Xaver ?
Je suis fascinée, et nul doute que mon fils le sera aussi... tout comme ... vous ?!