Sambre T8 – Celle que mes yeux ne voient pas…

Chronique « SAMBRE T8 – Celle que mes yeux ne voient pas… »

Scénario, dessin et couleurs de BERNARD YSLAIRE

Public conseillé : Adultes

Style : Aventure Romantique
Paru le 28 novembre 2018 aux éditions GLENAT
72 pages couleur
17,50 euros
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ça commence comme ça…


Dans son cabinet d’étude, où il a passé la nuit, Bernard-Marie rêve d’une femme masquée à l’oeil rouge et de danger de mort… Quand il se réveille, c’est son oeil rouge irrité pleure des larmes de sang. Sa tante Sarah lui fait remarquer. Vexé, l’adolescent s’enfuit à cheval. Il arrive à une cabane abandonnée, où il étudie un papillon de nuit (Sphynx), venu pondre… Il est surpris par une vielle femme qui lui affirme que parfois les esprits prennent cette forme pour parler aux vivants. Mais surtout, la vieille semble connaitre des secrets sur les Sambre

Ce que j’en pense


Bernard Yslaire revient pour L’avant-dernier tome de sa somptueuse et tragique saga familiale. Pour ce huitième épisode, nous retrouvons Bernard-Marie et Judith, les faux jumeaux, fils et filles de Bernard et de Julie Sambre. Malgré leur lien familial, les deux enfants ne se connaissent pas et vivent dans des univers que tout oppose. Bernard-Marie vit avec sa tante, Sarah, à la Bastide, la demeure des Sambre. À 14 ans, l’adolescent tourmenté est fasciné par la mort, les papillons de nuit – les Sphinx (qui présentent un dessin de crâne sur leurs ailes sombres), les fantômes et la photographie. Elevé dans le culte de ses ancêtres, c’est le “digne fils” de Bernard et Julie, avec son oeil rouge qui pleure des gouttes de sang. Très solitaire, il entretient une connexion avec une femme à l’oeil rouge qu’il croise dans ses rêves, tout en ignorant qu’il s’agit de sa soeur jumelle.

De son côté, Judith vit un quotidien de prostituée dans un bordel pour petits bourgeois qui s’ennuient. Cette très jeune fille rêve néanmoins d’autre chose et va influencer le destin pour tenter de sortir de sa condition.
Quand ces deux-là se retrouveront-ils ? C’est écrit ? Qu’adviendra t-il ? La destinée familiale dramatique d’amants maudits se renouvellera t-elle d’une génération à la suivante ? Bernard Yslaire, en parfait conteur, nous embarque une nouvelle fois dans sa tragédie belle comme la mort. Il nous fait vivre le quotidien si différent de ces faux jumeaux dans un montage alterné qui tisse un lien immatériel entre ces deux êtres au destin commun. Même si ce n’est pas “conceptualisé”, Yslaire nous offre un récit fort en émotions et en sensualité. Avec force détails, il nous prend par la main pour nous faire vivre le quotidien, éthéré pour l’un, sordide de l’autre.

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Si le voyage est si prégnant, c’est certainement dû à son dessin si particulier qui mélange une technique classique (tout en dégradés) qui rappelle les peintures classiques, le sens de la caricature (appréciez les clients de la maison de passe) et un sens de la couleur personnel (des lavis de gris rehaussés d’une touche de rouge).
Que ce soit dans les décors naturels, les intérieurs bourgeois ou les rues sales, les planches sont magnifiques. Son sens de la perfection s’accompagne jusque dans un regard ou une attitude corporelle… Même après plus de 30 ans de “Sambre”, Bernard Yslaire reste habité par son sujet.