Au cœur de la folie, de Luca d’Andrea

Au cœur de la folie, de Luca d’Andrea

AUTEUR: Luca d’Andrea
TITRE: AU CŒUR DE LA FOLIE
ÉDITEUR, ANNÉE: Denoël, 2018
NOMBRE DE PAGES: 448 pages

Résumé:
Italie, hiver 1974. À bord d’une Mercedes crème, Marlene fuit à travers le Sud-Tyrol. Elle laisse derrière elle son mari, Herr Wegener, et emporte les saphirs qui lui avaient été confiés par la puissante mafia locale. Alors que, devenu fou, il retourne la région pour la retrouver, Marlene prend un mauvais virage et perd connaissance dans l’accident. Simon Keller, un Bau’r, un homme des montagnes, la recueille et la soigne. Marlene se remet petit à petit dans un chalet isolé, hors de portée de poursuivants pourtant infatigables, et fait un jour la connaissance de Lissy, le grand amour de Simon Keller…

Toute débute avec une intrigue que l’on a pu voir maintes fois exploitée, que ce soit dans le genre drame, polar, romance voire même horreur. Pourtant, vous allez être surpris par le déroulement de cette histoire… Mieux encore, vous allez avoir des doutes face à certains événements.

L’auteur arrive très habillement à tresser autour de cette intrigue plusieurs thématiques qui renforcent notre intérêt pour la fuite de Marlène et des conséquences qui vont y découler.

Alternant entre événements passés et présents, nous apprenons à connaître la jeunesse des protagonistes, qui n’étaient pas de toute douceur et la grande influence qu’elle porte sur leurs actes. Nous avons ainsi une palette de personnages profonds et nuancés:

– Il y’a le mari de Marlene, Simon Keller, homme impitoyable de la pègre, prêt à tout pour atteindre les hautes sphères de la criminalité. Pourtant, la fuite de sa femme va le pousser à sa chute et faire face à ses choix durant la Seconde Guerre Mondiale

– Puis nous avons « L’homme de confiance » qui a été choisi pour retrouver Marlene mais surtout les saphirs qu’elle a volés. Cet homme me donnait des frissons dans le dos, tout autant qu’il me fascinait. Bel homme (parfois pris pour une star de cinéma), aimable, poli, courtois, plein de sagesse,  il vous accueille avec un sourire et vous mijote même un petit plat… Et tout en conservant cette apparence bienveillante, il vous expliquera la douleur qu’il peut vous infliger si vous n’êtes pas « coopératif ».

– Ensuite, nous avons Marlene qui, malgré les risques, a décidé de dérober  à son mari  ses pierres  précieuses et fuir loin de lui. Ayant connu la pauvreté et la faim, elle avait pour but de gravir les échelons de la société, un peu comme son conjoint. Pourtant, c’est loin d’être une femme arriviste et on découvre celle qu’elle est vraiment auprès de celui qui la sauvait, Simon Keller…
– Je ne pouvais que finir sur  Simon Keller.  C’est LE personnage qui m’a fait passer par tout un éventail  de sentiments. J’étais tiraillée entre mon empathie et le rejet farouche de certains de ces actes. Je ne veux pas en dévoiler plus, car je veux vraiment, si vous lisez ce roman, que vous vous laissez submerger  par l’histoire de ce personnage.
L’auteur a su parfaitement dépasser le cadre classique à ces personnages pour les rendre pertinents et très intéressant à suivre au fil des pages.

Mais la richesse de ce roman ne se tient pas seulement à sa galerie de personnages. L’auteur manie avec finesse une ambiance trouble où on y décèle l’influence du folklore germanique, de célèbres contes (le petit Poucet, Hansel et Gretel…), mais aussi cette touche de folie. Celle qui se nourrit de votre peur, votre haine, votre douleur… Votre amour…
J’ai vraiment apprécié être immergé dans ce récit haletant qui a su me troubler et pousser à me demander, tels que les protagonistes, si certains « événements » étaient bien réels ou juste le fruit de leurs imaginations…

Conclusion:

« Au cœur de la folie » est un très bon roman à ambiance, composé d’une galerie de personnages profonds, humains et pleins de failles. Le rythme y est vraiment haletant et nous embarque dans un récit où la folie tient les rênes.

Je vous invite à votre tour d’entrer dans « cette folie », mais… Sortirez-vous indemne?

( Image à la une d’Eyvind Earle )