Pour résumer:
Lisbonne, Portugal, en pleine dictature salazariste, fin juillet 1938. Dans une ville enveloppée d’un « suaire de chaleur », un journaliste vieillissant, le doutor Pereira, veuf, obèse, cardiaque et tourmenté, rédige chaque jour depuis plus de trente ans la page culturelle du quotidien très conservateur, le Lisboa. Dans cette vie endormie, déboule un certain Francesco Monteiro Rossi… et, de façon tout à fait inattendue, Pereira l’engage. Mais le jeune pigiste, au lieu d’écrire les sages nécrologies que Pereira lui a commandées, lui remet des éloges aussi sulfureux qu’impubliables de Lorca et autres Maïakovski, ennemis avérés du régime fasciste.
Et là encore, au lieu de congédier ce dangereux collaborateur, le doutor Pereira le garde, se prend peu à peu d’amitié pour lui, puis pour sa mystérieuse et belle compagne, qui se révèle être une fervente combattante révolutionnaire, au service des républicains espagnols. Devenue une oeuvre emblématique de la résistance au totalitarisme et à la censure, Pereira prétend raconte la prise de conscience d’un homme confronté à la dictature. Ou quand un homme décide de se battre la plume au poing !
Ce que j’en pense:
Avec un titre pareil, ce one-shot ne pouvait que me séduire. En effet, Pereira est mon nom marital, alors quand j’ai vu cette BD, je me suis esclaffée, puis je me suis montrée curieuse et enfin je me suis lancée.
Cette BD prend racine au Portugal en pleine montée fasciste. J’avoue que je ne suis pas très au point sur l’Histoire du pays et j’ai apprécié de découvrir ce pan de l’Histoire. Le scénario met en scène Doutor Pereira qui va sortir de sa zone de confort et s’engager en se liant d’amitié avec un jeune engagé politiquement.
J’ai été agréablement surprise par ce scénario qui m’a complètement cueilli. Je me suis laissée prendre par l’histoire, par ce Pereira qui est tiraillé entre sa peur viscérale de ne pas faire de vague et son sentiment d’injustice qui bouillonne.
La BD met en scène un Doutor Pereira très attachant. Cet homme veuf, à l’embonpoint très marqué et à la santé fragile vit une routine bien huilée. Soudain, il est bousculé dans son quotidien par un jeune homme qui au départ l’agace mais finalement l’émeut. Il ira jusqu’à mettre sa vie en danger et va directement de confronter à la censure de son journal. Car Doutor est un journaliste qui subit de pleins fouet la montée fasciste et se doit de pondre des articles bien patriotes. En rencontrant Rossi, il se rend compte de cette censure. Le jeune homme est clairement celui qui va tout faire basculer.
Avec un scénario aussi fort, l’esthétique se devait d’être à la hauteur. Là aussi, j’ai été complètement séduite par le dessin de Pierre- Henry Gomont. Il y a de belles ambiances colorées et des ciels bleus à ce damné. C’est beau et lumineux au milieu de la noirceur de l’Histoire. Les mots me manquent pour décrire ces planches. Je suis parfois restée plusieurs minutes à les regarder, complètement fascinée.
Bref:
Un vrai coup de cœur et une lecture que je vous conseille vivement.
Si je devais le noter:
Un petit aperçu:
Y a pas que moi qui en parle:
Cette chronique s’inscrit dans le rendez- vous d’Antigone:
Les coups de coeur de la blogo