Les amours d’un fantôme en temps de guerre

Par Entre Les Pages @EntreLesPages

Un jeune fantôme a perdu la trace de ses parents. Boris, un cousin, le prend donc en charge. Après l’avoir emmené dans un drôle d’endroit où sont imprimés des tracts avec écrits « Vivre libre ou mourir » et « La désobéissance est le plus sage des devoirs », il le guide vers une maison à hanter en compagnie de Lili, une « ravissante petite fantôme ». C’est celle-ci qui explique au petite fantôme domestique que ses parents ne sont sûrement pas en vacances et que le monde des fantômes est en guerre. En effet, les Fantômes Acides forment une organisation devenue puissante. Elle souhaite « un retour aux sources », un retour à la pureté originelle du peuple des fantômes, « pervertie depuis peu par l’arrivée de nouveaux spectres avilis et dangereux, résultat de défunts de basse extraction et de pays pauvres ». Après ces révélations, une fuite et des rencontres peu agréables, le petit fantôme entre dans la Résistance et infiltre l’ennemi.

Les amours d’un fantôme en temps de guerre est le premier roman de Nicolas de Crécy, plus habitué à la bande dessinée. Roman, roman graphique, roman illustré ? Peu importe la catégorie ou le genre donné à cet ouvrage, c’est dans tous les cas un coup de maître. Aucun lecteur ne doit être étonné qu’il ait reçu le Prix Vendredi 2018, ce « Goncourt des lycéens » créé par Thierry Magnier. Sa lecture, à plusieurs niveaux, se fait du texte aux illustrations, des illustrations aux textes. Les dessins ne sont pas seulement un miroir des mots forts de l’auteur, ils le complètent réellement. Beaucoup de détails sont à apprécier entre les mots et entre chaque tracé de couleur. L’intrigue fantastique comprend de claires et nombreuses références à la Seconde guerre mondiale et aux horreurs perpétrées par les Nazis. D’ailleurs, ce qui arrive dans le monde des fantômes, se passe en général peu de temps après chez les vivants… C’est là, dès le début, qu’il faut saisir le pessimisme mis en avant par l’auteur qui souhaite prévenir les plus jeunes, les mettre en garde contre le glissement très facile vers des pensées puis des convictions sombres et absurdes. Il y a heureusement dans ce récit de quoi convaincre qu’il faut absolument résister. Le talent de Nicolas de Crécy tient aussi dans sa capacité à attendrir et à émouvoir intensément grâce à un personnage qui n’est à la base qu’un bout de tissu.

Présentation de l’éditeur :
« J’ai perdu la trace de mes parents très tôt, je n’avais pas quinze ans. J’étais encore ce que l’on pourrait appeler un bébé fantôme, un bout de chiffon blanc moins large qu’un mouchoir. Un soir, je me suis laissé porter par le mistral, j’ai vu une vallée, des lumières, la mer. J’ai croisé des animaux que je n’avais jamais vus auparavant, et quelques humains qui ont pris peur. Je n’aurais jamais dû m’échapper ce soir-là. »

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