Résumé
Pendant plus de dix ans, des Nations se sont opposées, des hommes et des femmes se sont affrontés… Et ce monde, qui s’était transformé en un immense champ de bataille, s’est finalement éteint en 1953, année fatale qui a posé un point final à l’Histoire. Explorez sans plus tarder le sombre univers de Block 109 à travers des récits indépendants. Du polar noir aux récits d’aventure, de Berlin au Congo … Entrez dans un monde en guerre.
Notre avis
Les personnages, l’intrigue et même les évènements nous font rapidement entrer dans cet imaginaire étonnant qu’est Block 109, Univers. Une Uchronie sombre et nihiliste prolongeant une Seconde Guerre Mondiale que les nazis n’arrivent pas à gagner même après avoir détruit l’Occident. Alors que les Russes tiennent bons, les dissensions Allemandes amènent à des décisions irrévocables impliquant virus et bombe H. Un album d’histoires courtes depuis l’origine de l’assassinat du Führer, événement divergent principal. Des Spin-off réunis en un seul volume de 408 pages où on navigue du front Européen au front Pacifique en passant par New York. Le siège de Troie à l’échelle planétaire. La première histoire, « Etoile rouge », raconte les missions de trois pilotes français au service des Russes en 1944 alors que la France n’existe plus. Des combats aériens bien menés, dans une guerre humanisée où l’amitié, la loyauté et l’honneur trouvent une place appropriée. « Opération soleil de plomb », nous plonge en Afrique. En 1947, la guerre n’est pas terminée malgré la conquête continentale du territoire. Le Congo belge est un enjeu géostratégique déterminant pour la richesse de ses mines. Des mines qui engendrent une tension entre la SS et le Grand Ordre Teutonique. Sans oublier que la résistance africaine s’organise dans l’enfer de cette forêt sauvage. On quitte, un peu vite, l’Afrique pour « New York 1947 », une ville dévastée et son héros Snake. Une colorisation superbe nous plonge dans une histoire pleine de surprises et d’action au milieu d’une ville qui après avoir souffert d’un bombardement nucléaire est devenue un laboratoire scientifique à ciel ouvert. Mutations génétiques, anthropophagie et une rencontre avec Rachel dans un groupe qui n’a pas demandé à venir sur place. Dans « Ritter Germania », le modèle héroïque allemand, celui qui était promis à un avenir tout tracé devient incontrôlable et se retourne contre ses maîtres, manipulé et affaiblit il ira néanmoins au bout de sa conviction. Dans les deux derniers épisodes, Ryan Lovelock s’empare du dessin assisté par Gyusy Gallizia à la colorisation. Pour « S.H.A.R.K. », un milieu carcéral explosif vous attend dans un Australie qui a basculé. Un nouveau héros essaye de s’y faire respecter, Worth devra aller au bout de lui même pour réussir sa mission. Enfin c’est sur une île japonaise que se déroule la dernière histoire, « Maruta ». Elle met en scène de nouveau le héros de l’épisode précédant partant involontairement à la recherche du Japonais Ishii, un monstrueux professeur ayant réalisé des expériences interdites… Cet album est donc fidèle aux albums qui ravissent les amateurs du genre depuis 2010 et explore, peut être, de nouvelles aventures à venir. A noter, le cahier graphique en fîn d’album des plus intéressants pour la genèse des illustrations. Il faut relativiser l’Uchronie de cette série qui a choisi de conserver des évènements réels de la seconde guerre mondiale tout en modifiant la réalité historique. Il ne faudra donc pas rechercher de corrélation entre les faits et l’Histoire. Le point de départ, « la presque-victoire » du Troisième Reich et les velléités Germaniques restent, au demeurant, cohérentes mais la principale difficulté, de ne pas trop s’éloigner des réalités, n’est pas évitée en humanisant un conflit où finalement on ne sait plus trop bien qui est du bon coté, si tant est qu’il y en est un en temps de guerre mais aussi en réinterprétant l’Histoire par l’utilisation d’événements bien réels du conflit Historique. les courts rappels en début de chaque spin off si ils plantent le décor, ne suffisent pas, si ce n’est à éclairer la situation. Néanmoins, Il ne faut pas oublier la portée sociologique d’une œuvre et, de notre point de vue, il reste dangereux de glorifier et d’étaler certains poncifs. Cela reste de la BD me direz vous… En effet, sauf que changer le cour de l’Histoire est tentant et que le lecteur peut se trouver abusé par le coté très immersif et prés du réel de cette série, s’identifier aux personnages et finalement réinterpréter le propos, voir réinventer le déroulement des événements pour en finalité détourner le passé. Il n’est pas question de dévoyer les intentions des auteurs mais plutôt de mettre en garde contre l’interprétation de leur travail qui pourrait être fait … Recomposer le passé aurait nécessité de franchir cet écueil difficile. Il est donc important de garder à l’esprit concernant l’Uchronie, qu’elle n’a pas vocation à réviser l’Histoire mais bien à imaginer une histoire alternative en partant d’un événement divergent. Ainsi, il appartiendra aux lecteurs de prendre, ou d’avoir, le recul nécessaire afin de ne pas amalgamer réalité et fiction.
En deux mots
Construire une série dérivée, ou spin-off, de l’univers Block 109, était audacieux mais le résultat est réussi et prête à de nouvelles aventures.
Jean-Claude Attali
Lien vers la page Akileos de Block 109 – Univers.