Un jardinier de Kaboul. (c) Lalage Snow/Quercus.
Chaque matin, je reçois la lettre électronique du magazine "Books".
Une façon de prendre le pouls de ce qui se publie ailleurs et qui nous arrivera peut-être en français.
Ce matin, j'ai été éblouie. Le livre présenté est "War Gardens, A journey through conflict in search of calm", de Lalage Snow (Quercus, 384 pages, 2018.) On pourrait traduire par "Jardins de guerre, Un voyage à travers les conflits à la recherche du calme". On y présente toute une série de jardins, oasis de paix amoureusement cultivés par des humains en dépit des guerres auxquelles ils sont confrontés. En Afghanistan, en Iraq, en Ukraine, au Soudan, en Syria, au Cachemire, en Israël, en Cisjordanie...
Ainsi à Kaboul, les jardins royaux sont entretenus par un jardinier centenaire même si la royauté n'est plus qu'un lointain souvenir.
Qui va publier en français ce livre extraordinaire par ses images et par son message?
Voilà ce qu'écrit Amandine Meunier à propos de "War Gardens" dans "Books"
(sommaire du dernier numéro ici).
Des jardins extraordinaires
À Kaboul, M. et Mme Roami soignent les arbres et les fleurs de leur jardin comme si c'étaient leur progéniture. Ils leur ont d'ailleurs donné les prénoms de leurs enfants, dont ils sont sans nouvelles depuis qu'ils les ont envoyés se mettre en sécurité en Europe. Alexander, un habitant de Donetsk, dans l'est de Ukraine, apprend à sa petite-fille à faire pousser des tomates, parce que "comprendre les légumes et la façon de les cultiver, c'est comprendre ce que c’est qu'être “un bon Ukrainien”". Un vieux boulanger de Gaza couve sa collection de 500 cactus (qui ont l'avantage d'être peu gourmands en eau dans l'un des endroits les plus densément peuplés du monde) et se lève en pleine nuit pour guetter d'éventuelles floraisons.
C'est à ces jardiniers et à d'autres de Cisjordanie et d'Israël que la photojournaliste et réalisatrice Lalage Snow consacre son ouvrage "War Gardens".
Un jour, au cours d'un reportage en Afghanistan, quelqu'un lui explique que, dans ce pays, "jardiner, c'est respirer". Intriguée, Snow commence à visiter des jardins et à rencontrer les personnes qui les cultivent dans les régions en guerre qu’elle parcourt. "Comme les capucines et les géraniums n'ont rien de politique, Snow peut interroger toute une série de personnes très différentes qui parlent en toute franchise de leur expérience de la guerre tout en lui faisant visiter leur jardin, avec parfois des bruits d'obus en arrière plan", écrit Lucy Jones dans "The Spectator". Jardiner en pleine guerre, selon Snow, c'est "refuser d'accepter un monde défini par la violence et la destruction en créant la vie"; mais cela témoigne aussi "d'une nostalgie collective, d'une manière de retrouver le monde innocent que nous avons tous connus d'une façon ou d'une autre avant de sombrer".
Un documentaire de la BBC sur les "Jardiniers de Kaboul" ici.
D'autres images du livre ici.