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Collection La Bleue
Parution le 22 août 2018
Pages : 256
EAN : 9782234085800
Prix : 18.50 €
Présentation de l'éditeur
"Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants."
O. L.
L'auteure nous en parle
Extrait de la grande librairie 27/09/2018
Mon avis
"Avec toutes mes sympathies", un livre qui n'aurait jamais dû exister car Alex n'aurait pas dû disparaître, pas à 45 ans nous dit Olivia de Lamberterie en parlant de son frère.
Un livre magnifique pour que la mort vive, qu'Alex soit toujours présent. C'est un très bel hommage à son frère, une déclaration d'amour pour ce frère qui à jamais fait partie de sa vie.
Olivia de Lamberterie est critique littéraire pour Télématin, Le Masque et La Plume mais est également "rédacteur en chef" pour "Elle". Elle n'avait pas l'intention de franchir la ligne entre la critique et l'écriture car elle n'avait rien à dire.
Cependant son frère avant de partir lui a demandé d'écrire, et après sa mort, elle a retrouvé un message sur Facebook d'Alex lui demandant d'écrire son propre livre.
Ce livre, Olivia le portait en elle car elle voulait rendre à son frère, l'image de l'homme flamboyant qu'il était, sa joie, leur bonheur, lui pour qui "vivre l'a tué", celui qui a décidé le 14 octobre 2015 de franchir le parapet de sécurité du pont Jacques Cartier à Montréal.
Ce récit, c'est pour tromper la mort, garder la joie qu'elle l'a écrit. Elle nous fait découvrir sa vie, sa famille, son enfance. Une famille d'un certain milieu social où l'on exprimait peu ou pas ses sentiments, une certaine rigueur, une distance (le vouvoiement), pudeur et réserve étant de mise.
Elle nous fait découvrir cet amour inconditionnel, le lien très fort qui l'unit à jamais à son frère, cela même si des kilomètres les séparaient.
Elle nous pose question sur ce mal de vivre, sur le diagnostic assez tardif "dysthimie", nommé tardivement, mal soigné, sur les moyens inhumains des services psychiatriques qui abrutissent plutôt que de soigner.
Elle s'interroge sur l'aspect génétique de la question, leur famille étant lourdement touchée, mais tout ceci n'est jamais noir, jamais pathos. Le ton peut être léger, l'humour étant bien présent provoquant le rire à certains passages.
L'auteure nous parle aussi beaucoup de l'amour des mots, des livres. Les références sont nombreuses et c'est un pur moment de bonheur de lire cette plume.
Pour son mari, ses enfants, sa famille elle crée de la gaieté dans son quotidien non pas pour "faire son deuil", expression horrible mais pour que la mort vive et que les liens soient toujours présents, faire vivre Alex à travers eux.
La tristesse, le manque, la perte, le mal de vivre sont abordés mais c'est lumineux. L'écriture est prenante, émouvante, élégante, emplie de pudeur et d'amour. La sincérité et l'honnêteté de cette plume vraie m'a beaucoup touchée.
Un très beau récit que je vous conseille vivement.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Lire permet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d'y puiser une vérité.
Ces échappées dans les mots des autres me détournent des miettes de ta réalité que je traque dans les recoins de mon quotidien.
J'hésitais entre la joie de savoir Alex vivant et l'effroi de le savoir désespéré.
L'amour se nourrit de l'absence.
S'il y a des problèmes on les tait. Peut-être qu'ainsi ils n'existeront pas, vive la pensée magique.
Mon frère était la seule personne à qui je me confiais. Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole. Avec qui chuchoter aujourd'hui?
La société dans laquelle on vit mérite-t-elle tellement qu'on s'y attache ? L'amour immense qui l'entourait ne lui a pas servi de parachute.
Je n'ai plus envie de rien. Je me force pour Florence, Juliette et François parce que je les aime, mais je dois me forcer à me forcer, et je n'ai plus l'énergie.
Sylvia Plath, Romain Gary, Ernest Hemingway, pour ne parler que d'écrivains que j'aime, je ne les considère pas malades, ces blessés dotés d'une sensibilité trop exacerbée pour supporter de se lever un matin de plus.
Alex a pansé ses plaies, maté sa mélancolie sans en arracher les racines.
Mais la vraie vie, qu'est-ce que cela veut dire ? La vraie vie c'est celle qu'on se crée. Rien d'autre.
Empêche-t-on un tsunami de déferler, un volcan d'exploser et de figer le paysage sous sa lave ?
J'écris pour prolonger l'existence d'Alex et m'empêcher de sombrer. Parce que je ne peux tout simplement pas reprendre ma vie comme s'il n'avait jamais existé.
Vivre l'a tué.
On voudrait hurler de douleur mais on ne sait même pas où on a mal. Aucun médecin à appeler. Aucune plaie à panser.
Le monde s'était rétréci à la taille du cercueil de mon frère, il reprend ses dimensions. Redevenir perméables aux malheurs extérieurs nous rend un peu de notre humanité entamée.
Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour leur confiance.