Chronique « CONAN LE CIMMÉRIEN – La fille du géant du Gel »
Scénario (adaptation), dessin et couleurs de ROBIN RECHT, d’après l’oeuvre de Ron E. Howard
Public conseillé : Adultes
Style : Aventure Fantastique
Paru le 28 novembre 2018 aux éditions GLENAT,
80 pages couleur
14,95 euros
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ça commence comme ça…
La déesse, la fille d’Ymir, le géant du gel, observe la bataille. Chaque soleil après l’hiver, les Aesirs et les Vanirs vont s’affronter sur le lac gelé. Elle cherche un héros qu’elle amènera devant son père…
Dans une clairière, un groupe d’Aesir a massacré quelques Vanir, n’en gardant qu’un pour le faire parler. Malgré la torture, le dernier guerrier ne cède rien.
Puis, le groupe repart vers la grande bataille promise. Ils espèrent tous que la déesse leur apparaîtra…
Ce que j’en pense
La collection “Conan le Cimmérien” initiée par Glénat continue son petit bonhomme de chemin. Après “La reine de la côte noire” (Morvan & Alary), “Le colosse noir” (Brugeas & Toulhoat) et “Au-delà de la rivière noire” ( Anthony Jean & Gabella), c’est au tour de Robin Recht, seul aux commandes, de nous offrir son adaptation. Il a choisi un des premières nouvelles de Ron E. Howard, qui bénéficie d’une aura particulière pour les amateurs de son oeuvre. En effet, c’est encore une nouvelle expérimentale où Howard définit son personnage. Il mélange les contes (la légende d’« Atalanta » et celle de « Daphné et Apolon ») pour construire un récit assez simple, très inspiré de ces grandes sagas. D’ailleurs, l’appendice en fin d’album explique de façon pédagogique les influences en détail.
A l’issue d’une grande bataille entre deux tribus nordiques, Conan, le guerrier ultime, surgit pour affronter Heimdul, le chef, seul survivant. Sa jeunesse, sa maîtrise et sa ruse vont lui donner la victoire… Il y a gagne l’apparition de la déesse aux cheveux rouges, venue choisir son champion. Conan, ignorant de cette mythologie prend cette femme pour la “récompense du guerrier” qu’il va faut “prendre”…
Âmes sensibles s’abstenir, ce récit est très “masculin”… Les, scènes de bataille (et de torture) en préambule ne laissent pas de place à la poésie ou la subtilité. Howard et Robin Recht nous immergent dans un monde violent, cruel et sans sentiments. “Moi voît, moi tue si cest un homme, moi prend si c’est une femme !” pourrait être la devise de ces guerriers.
Conan peut être perçu comme un guerrier rendu fou de désir devant la beauté de la déesse, qui fait tout pour la posséder physiquement… On peut aussi y voir un personnage qui, par ignorance des convenances, s’attaque aux titans et aux dieux !!! A vous de voir quelle interprétation vous choisirez, mais n’imaginez pas un monde de tendresse…
Au dessin, Robin Recht fait un travail incroyable. Il compose de grandes cases d’une puissance folle. Dynamiques, mais lisibles, son trait s’accompagne d’un encrage charbonneux, nerveux, quelque part entre l’impact d’un Comics et la narration franco-belge. Son graphisme insolent fait mouche. Ça vous prend aux tripes devant tant de beauté, de sensualité et de sauvagerie rassemblées.
Alors, si vous avez hâte de retrouver Conan dans une nouvelle aventure, pourquoi ne pas tenter la violente, sensuelle (et érotique) adaptation de Robin Recht ?
NB : si vous appréciez le trait de Robin, offrez-vous le grand format en tirage limité qui sortira le 9 janvier 2009.