La Femme aux mains jointes de Laurette Autouard

La Femme aux mains jointes de Laurette Autouard

La Femme aux mains jointes de Laurette Autouard,

Publié aux éditions Privat,

Ouvre espèce de jobastre ! Ouvre-moi,c'est Jojo ! Il y a des matins où je ferais mieux de rester dans le plumard en attendant que les neurones se reconnectent." Guetteur pour Jojo, petite frappe de la pègre marseillaise, Loule s'est juré de raccrocher et de couler une retraite paisible dans son quartier de l'Estaque. C'est sans compter sur la force de persuasion de son patron, qui lui demande de lui rendre un dernier service. Il sera embarqué malgré lui dans le cambriolage de La femme aux mains jointes, l'envoûtantecéramique de Picasso,objet de toutesles convoitises. Jojo, Sandra, Charles le commissaire, son copain pêcheur Gé, sa fée Anissa, une ribambelle de personnages défilent dans le premier roman de Laurette Autouard avec Marseille, l'Estaqueet Aubagne pour toile de fond.

La Femme aux mains jointes est un polar qui rend hommage aux marseillais: leur chère ville, la bonne mère mais aussi leur accent teinté de soleil et de folie.

Loule se voit confier une dernière mission par son boss Jojo, lui qui souhaitait enfin prendre sa retraite de " guetteur " à soixante ans passé. Il s'agit d'assurer la protection de Sandra, la fille d'un ami de Jojo. Celle-ci souhaite voler la céramique de Picasso " La femme aux mains jointes " lors de l'exposition qui se tient à Aubagne. Mais rien ne se passe comme prévu. Le vol tourne au meurtre et Loule se retrouve bientôt accusé.

La Femme aux mains jointes est un polar que je ne recommanderai pas pour son intrigue qui reste assez conventionnelle et attendue. Alors certes, l'auteur sort des sentiers battus puisqu'elle nous entraîne dans le sillage des trafiquants d'œuvres d'art. Il n'y a rien de bien haletant pourtant dans ce polar.

En revanche, la teinte régionale du roman est intéressante. Laurette Autouard situe son intrigue entre Marseille et Aubagne. Ses personnages sont des marseillais purs et durs avec leur caractère bien trempé, leurs expressions (un glossaire bien utile en fin de livre nous éclaire) et leurs lieux de prédilection entre bars miteux et grand large. Loule est un personnage atypique: la soixantaine, veuf depuis pas mal d'années, il souhaite raccrocher quand son patron lui propose un dernier coup.

Loule est le genre de marseillais que vous pourriez tout à fait croiser au coin d'une rue. L'accent est franc, les pensées souvent un peu trop directes, mais le cœur, énorme, est bien là. Sans tomber dans les clichés pour autant, l'auteur nous peint un personnage attachant et très vivant.

Marseille est aussi l'un des personnages principaux. Laurette Autouard saisit parfaitement la complexité de cette ville faite de quartiers pauvres et miteux mais aussi de coins majestueux, inégalables. Elle nous donne envie de nous perdre dans les petites rues de Marseille tout comme d'arpenter le vieux Port.

Avec La Femme aux mains jointes, Laurette Autouard signe un roman marseillais qui a de la gueule!