Le film Aquaman est-il un ratage complet? Ma foi, il est difficile de l'affirmer, car tout n'est pas foncièrement mauvais. Certes, nous avons rarement vu un début aussi laborieux, une origin story comme cela était logique, mais racontée d'une manière si artificielle et poussive, que nous avons l'impression d'être dans un mauvais Walt Disney. Papa Curry et Maman la princesse poisson se rencontrent, s'aiment, font un gosse, avant que le devoir appelle. Pan, voilà c'est fait, le spectateur moyen a tout compris, et pleure à chaudes larmes.
On retrouve ce défaut en toute fin de film d'ailleurs, avec la tentation mal maîtrisée de rajouter des tartines de sentiments et de pathos, dans un récit qui aurait parfaitement pu s'en priver. C'est le storytelling qui très souvent accuse le coup; les effets spéciaux sont eux plutôt réussis, car il faut être honnête, orchestrer tout un film sous les océans n'a rien d'une sinécure (encore que le kitsch est omniprésent)... à d'autres moments, quand on remonte à la surface, c'est une course-poursuite impressionnante sur les toits d'un village sicilien, qui vient nous confirmer que nous avons là un long-métrage possédant un potentiel indéniable, parfois bien exploité, d'autres fois galvaudé. Et comme de bien entendu, une grande partie du succès ou de l'insuccès du film repose sur les épaules des acteurs. De Jason Momoa, qui a le désavantage d'être aussi différent du Aquaman des comics, qu'Emmanuel Macron peut l'être de Che Guevara. Couvert de tatouages, toujours prêt à lancer un bon mot qui confirme sa vocation d'humoriste de quartier, flirtant continuellement à la limite de la vulgarité et de la bêtise, cet Aquaman manque singulièrement de noblesse. C'est un gros bourrin qui vide des pintes de bière comme je m'envoie des cafés le matin, pour me réveiller, et c'est ça qui devrait nous le rendre sympathique et cool.
Nous avons quand même aussi deux autres pointures connues de tous, comme Nicole Kidman, qui n'est pas la dernière pour tabasser avec son trident (Atlanna) et qui subit une opération "lifting en digital", la ramenant au plus belles heures de son lustre d'antan. Et un William Dafoe qui est parfait en mentor politicien des profondeurs, tant son visage et ses traits font de lui un hybride humain-atlante des plus intéressants. Certes son rôle est tout en retenue, et on ne peut pas dire qu'il crève l'écran, avec le peu qu'on lui demande de jouer.
Nous avons droit aussi à toute une succession de différents arcs narratifs qui s'enchevêtrent, l'occasion de voir apparaître sur la scène un Black Manta curieusement assez crédible à l'écran, ou un Orm sur le trône sous-marin, peut-être un peu trop jeune ou propre sur lui, pour assumer le manteau du despote guerrier. Aquaman est donc un film très largement imparfait, et c'est d'autant plus pour cela que nous avons du mal à nous résoudre à ce qu'il nous a été donné de voir. Il y avait là de quoi faire quelque chose de bien plus formidable, de bien plus solennel, ou alors choix opposé, de bien plus drôle et décomplexé (James Wan a essayé, mais n'a pas osé aller trop loin). Cet Aquaman là montre les muscles et se contente de suivre une trame cousue de fil blanc, du début à la fin, avec toute une série de moments ou d'intervenants qui respectent le cahier des charges, manuel parfait du film de super-héros qui va tenter de séduire tout le monde, et faire exploser le box-office. Peu d'audace dans la narration, quelque chose en plus au niveau formel, sans pour autant que cela soit extraordinaire, Aquaman a probablement mis un peu trop d'eau dans son vin. Hips.
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Bien mieux que le film, jetez-vous, si ce n'est pas déjà fait, sur l'Aquaman de Geoff Johns. Sans cette série, pas de film.
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