Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

Amos Oz.


On apprend le décès, ce 28 décembre 2018, de l'immense écrivain israélien et militant pour la paix Amos Oz, des suites d'un cancer. L'auteur de notamment "Une histoire d'amour et de ténèbres" (traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen, Gallimard, 2003), un roman autobiographique, et le cofondateur du mouvement La Paix maintenant avait 79 ans.  Il était né à Jérusalem le 4 mai 1939. Poète, romancier et essayiste israélien, il était également professeur de littérature à l'université Ben Gourion de Beer-Sheva.
A son propos, "Livres-Hebdo" écrit: "Marié et père de trois enfants, Amos Oz était très apprécié par les Israéliens de tous bords, notamment pour son humour, même si ses prises de position déclenchaient parfois les passions. Tantôt adulé, tantôt détesté, ce monument de la littérature israélienne, amoureux des livres - "Heureusement qu'il n'y a pas de loi sur le harcèlement littéraire" - rêvait sans doute d'un monde sans frontières. Lui espérait simplement: "Si mes livres parviennent à ouvrir de nouvelles fenêtres dans le cœur des gens, je serai très heureux."
Décès de l'écrivain israélien Amos OzDécès de l'écrivain israélien Amos OzAmos Oz est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, romans, nouvelles, contes, essais, dont un seul a été publié dans une version jeunesse.
Il s'agit du magnifique conte "Soudain dans la forêt profonde" (traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen, Gallimard, 2006) qui a été illustré par l'artiste allemand Georg Hallensleben  (Gallimard Jeunesse, 96 pages, 2008).

Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

(c) Gallimard Jeunesse.


Succès de la collection "Du monde entier", le livre d'Amos Oz, "Soudain dans la forêt profonde", se double d'une version grand format destinée à la jeunesse, somptueusement illustrée par Georg Hallensleben. Les couleurs éclatantes des peintures texturées de l'artiste allemand  facilitent l'accès aux plus jeunes d'un texte écrit au départ pour les adultes tout comme elles prolongent magnifiquement cette parabole, magnifiquement littéraire, appelant à la tolérance.

Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

(c) Gallimard Jeunesse.


L'histoire est celle de deux enfants, Matti et Maya, qui refusent la malédiction de leur village perdu au bout du monde, déserté par les animaux de la terre, de l'air et de la rivière, encerclé par des forêts épaisses et sombres. Ses habitants se barricadent chez eux dès la nuit tombée, terrorisés par la créature mystérieuse nommée Nehi. Surtout, ils gardent le silence. Personne ne veut se souvenir des animaux ni évoquer la vie d'avant. Seule Emanuela, l'institutrice du village, tente d'enseigner aux élèves à quoi ressemblaient ces animaux disparus.
Et si la réponse à cette grisaille se trouvait dans la forêt, celle qui est interdite aux enfants et où Matti et Maya vont se rendre? "Soudain dans la forêt profonde" est un récit pour enfants et adultes, au carrefour de la tradition biblique, du folklore yiddish et du conte européen. Un conte magistral pour tous, ados et adultes compris, dès 8 ans.

Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

(c) Gallimard Jeunesse.


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Les Bruxellois se souviennent peut-être du passage d'Amos Oz à Bruxelles, le dimanche 20 janvier 2013. Ce que j'en avais écrit à l'époque.
"Ils étaient plus de six cents courageux à avoir affronté les tempêtes de neige bruxelloises pour venir écouter Amos Oz en anglais, à Flagey, dimanche matin. Ils ont été récompensés. Non seulement, l'écrivain israélien, né en 1939 à Jérusalem, a estimé que "ceux qui étaient venus malgré le temps horrible méritaient une décoration" mais il s'est livré avec générosité pendant bien plus d'une heure – la séance comportait la lecture d'une nouvelle de son nouveau recueil alors à paraître, "Entre amis" (traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen, Gallimard, 2013), "plutôt un roman constitué de nouvelles", a-t-il précisé. Sérieux, Amos Oz, et drôle.
La curiosité a toujours été son moteur d'être humain ou d'écrivain. "A cinq ans déjà, j'étais très curieux. Ensuite, comme je n'étais ni beau ni sportif, j'inventais des histoires pour impressionner les filles. Dans les cafés, j'espionnais les gens aux autres tables, j'écoutais leurs conversations, je décryptais le langage de leurs corps, de leurs expressions, de leurs chaussures. Très important, les chaussures! Aujourd'hui, cela me plaît toujours beaucoup de faire cela quand j'ai du temps à tuer. C'est un passe-temps que je recommande à tout le monde."
Quant à l'hébreu, c'est la passion de l'écrivain engagé: "Je ne suis pas chauviniste d'Israël, mon pays, je suis même très critique vis-à-vis du gouvernement, mais je le suis de sa langue. L'hébreu est un magnifique instrument de musique dont la résurrection est incroyable! C'est un trait d'union entre les Juifs qui parlent tous des langues différentes."
Son nouveau roman est, comme les précédents, sur le malheur: "Le bonheur ne demande pas d'histoires." Il se déroule dans un kibboutz fictif, "un microcosme", et aligne des solitudes finement approchées.
Sur son espoir pour Israël, Oz n'a qu'un mot, "Peace", mais le romancier-essayiste sait qu'"il est difficile d'être prophète quand on vient du pays des prophètes!"

Décès de l'écrivain israélien Amos Oz

Amos Oz à Flagey le 20 janvier 2013.