Publié aux éditions L'Harmattan,
Et si un tableau, le chef-d'œuvre de Max Pechstein, pouvait être le conducteur de l'odyssée inimaginable de trois jeunes Allemands qui se rencontrent aux Beaux-Arts de Berlin, et traversent un quart de siècle de conflits meurtriers ?
La Baigneuse du Wannsee raconte l'histoire d'une amitié indestructible, d'amours impossibles, de passions dévorantes et de destins tragiques, intimement liés à cette peinture. Du Berlin des années trente, en pleine effervescence culturelle et artistique mais déjà menacée par la montée du nazisme, au Paris de l'avant-guerre à l'Occupation, en passant de l'enfer de Stalingrad aux rizières du Viêt Nam jusqu'à l'apparente douceur provençale, se déroulent ici les pages sombres et lumineuses de vies en prise avec l'Histoire.
La Baigneuse du Wannsee m'a été envoyé par les éditions de L'Harmattan. J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant ce roman et puis je me suis lancée. L'auteur nous raconte principalement le destin de Gunther, un jeune allemand, passionné de sculpture. Il fait la connaissance de Muriel, modèle nue pour tableau et Helmut, engagé communiste. Nous sommes en 1933, à Berlin. Les trois amis vivent la belle vie: une vie de bohème faite de petits boulots, de fêtes jusqu'au point du jour et de découvertes dans le domaine de l'art. Et puis la guerre éclate. Les trois amis embrassent des destins différents... J'ai aimé ce roman globalement parce que c'est un livre qui nous raconte la seconde guerre mondiale à travers le prisme de l'art. Du début de l'expressionnisme allemand révolutionnaire à la considération des œuvres juives " dégénérées ", Karl Diegner balade son lecteur de Berlin à Paris. J'ai beaucoup aimé l'ambiance qui se dégageait de ces pages, essentiellement dans la première partie du livre. On suit les amis dans leur découverte du monde de l'art: les galeries, les expositions. C'est un monde bouillonnant, inspirant qui s'étale devant leurs yeux. Et puis la guerre survient: les artistes qui étaient portés aux nues sont considérés comme " dégénérés " et sont emprisonnés, déportés. On voit à l'œuvre le travail de sape des nazis qui détruisent tout ce qui sort de la norme. Pendant la guerre, Gunther va devenir agent de liaison dans le monde de l'art entre Berlin et Paris. On vit avec lui la guerre du côté français mais vécue par un allemand! Point de vue original ici qui m'a beaucoup plu. J'ai adoré la description des rues de Paris, de toute cette atmosphère très Saint-Germain des Prés, un monde intellectuel qui fait rêver! Gunther échange art, littérature avec ses amis. Il découvre le jazz, les cabarets. Je n'avais aucun mal à imaginer les soirées décrites par l'auteur.
En revanche, j'ai moins apprécié la seconde partie du roman qui se déroule après les années 50. Gunther va de situations extrêmes en situations extrêmes. Il va participer d'ailleurs à la guerre d'Indochine. J'ai moins aimé parce que les choses allaient bien trop vite pour moi. J'aurais aimé que l'auteur prenne plus le temps de raconter car j'ai eu l'impression de sauter d'une situation à l'autre trop rapidement. Au final, La Baigneuse du Wannsee est un roman intéressant qui nous fait vivre la seconde guerre mondiale par le prisme de l'art.