Yamen Manai
Elyzad première édition 2011
Elyzad poche 2018
236 pages
Ma bibliothécaire m’a mis ce petit roman dans les mains en me demandant de le lire avant la venue à la bibliothèque de l’auteur en février.
Quelle belle découverte !
Yamen Manai nous conte une histoire que l’on n’a pas envie d’oublier. Santa Clara, une petite ville fondée par une bande d’ivrognes, vit loin de toute communication avec le reste du pays. On y produit le meilleur rhum qui soit, les sérénades d’Ibrahim Santos prédisent la météo, ainsi les cultivateurs de canne à sucre adaptent-ils leur travail dans les champs aux paroles du musicien. C’est magique, et c’est authentique. Mais voilà, un jour, tout cela va tourner au vinaigre (du rhum qui tourne au vinaigre, quel gâchis !), lorsque le dictateur du pays (dont les habitants du village ignoraient l’existence) va goûter et aimer ce fameux rhum…
Grâce à une très belle langue, l’auteur, au travers de cette fable, va dénoncer les dérives du pouvoir dictatorial révolutionnaire et l’appauvrissement des cultures par l’utilisation abusive des pesticides et des engrais.
Conte philosophique, écologique, ce texte est beaucoup plus profond qu’il n’y parait. Et il produit un bonheur de lecteur incommensurable.
Une gitane qui lit dans le marc de café, un musicien qui prédit la météo, un soupçon de magie, un petit morceau de bon sens, quelques situations cocasses pas piquées des vers, des cochons, un idiot du village armé d’une trompette, … il n’en faut pas plus (et c’est déjà beaucoup) pour succomber aux charmes de ce livre.
Je vous le recommande chaudement, très chaudement ! Et en janvier, ça réchauffe !
Cerise sur le gâteau, cela m’a permis de découvrir une petite maison d’édition tunisienne.
Et maintenant, j’attends ses deux autres livres dont le dernier qui est, parait-il, magnifique !