Je préférerais que John Burningham soit vivant

Je préférerais que John Burningham soit vivant

John Burningham.

préférerais John Burningham soit vivantQuelle tristesse d'apprendre le décès de John Burningham, survenu le vendredi 4 janvier des suites d'une pneumonie. L'auteur-illustrateur jeunesse britannique n'avait que 82 ans. Il était né le 27 avril 1936 à Farnham dans le Surrey. Tout comme son épouse Helen Oxenbury, il a créé des dizaines d'albums qui sont devenus de véritables classiques de la littérature de jeunesse. "Préfèrerais-tu..." et "La promenade de M. Gumpy" bien entendu mais aussi "Le cadeau de Noël de Gaston Grippemine", "Train de nuit" et d'autres titres enchanteurs, pleins d'imagination, souvent malicieux, parfois indisponibles.
C'est Isabel Finkenstaedt, alors éditrice chez Flammarion Jeunesse, qui l'avait découvert et fait traduire en français dans les années 70. Ensuite, elle l'emporta avec elle quand elle fonda sa propre maison en 1988, Kaléidoscope.
John Burningham n'avait pas l'intention de s'arrêter. Il avait confié au "Guardian" l'an dernier: "Je n'ai jamais voulu arrêter de travailler. J'ai la chance d'avoir une bonne vue et de ne pas avoir la main qui tremble, aussi vais-je continuer". Il avait aussi une notion très juste de l'enfance: "Les enfants savent que je suis de leur côté. Ils ne sont pas moins intelligents, ils sont juste moins expérimentés. Et il y a cette attitude plutôt idiote qu'on adopte vis à vis d'eux, qui consiste à dire:  "Oh, c'est pour les enfants, il faut que ce soient des gâteaux roses et qu'il y ait beaucoup de motifs partout, c'est ce qu'ils vont aimer". Or cela les ennuie. Et s'ils n'aiment pas, ils ne regarderont tout simplement pas".
"John était un véritable original, un pionnier du livre d'images et le créateur inventif d'innombrables histoires qui pouvaient être tour à tour hilarantes et réconfortantes, choquantes et ludiques. Il n'a jamais rabaissé les enfants, les traitant toujours avec le plus grand respect", a déclaré Francesca Dow, directrice générale des éditions Penguin Random House Children's.
John Burningham avait reçu il y a moins d'un an, avec son épouse, l'illustratrice Helen Oxenbury, le BookTrust Lifetime  Achievement Award, un prix britannique qui récompense l'ensemble de la carrière d'un artiste (lire ici).
"Personne ne crée de livre d'images plus parfait que John Burningham. Son écriture est touchante, drôle et profonde, ses illustrations sont des œuvres d'art", avait commenté à cette occasion Lauren Child, membre du jury. À l'époque, l'auteure-illustratrice Polly Dunbar avait également salué ses peintures, "resplendissant comme une enfance heureuse et floue. Elles me donnent envie de courir pieds nus, dehors, après la tombée de la nuit", avait-elle-ajouté.
Je préférerais que John Burningham soit vivantJudith Kerr, à qui on doit "The Tiger Who Came To Tea", "Le tigre qui s'invita pour le thé", lire ici), explique de son côté que c'est l'album "Humbert" de John Burningham, (1969, non traduit), sur un cheval de trait, qui avait inspiré sa propre carrière. "Plus de 50 ans plus tard, il reste l'un des meilleurs livres d'images jamais produits pour les enfants", estime-t-elle.
Je préférerais que John Burningham soit vivantJohn Burningham venait de sortir à l'été dernier un nouvel album "Ou alors préférerais-tu..." (traduit de l'anglais par Camille Guénot, Kaléidoscope, 40 pages), suite exquise à son mythique "Préférerais-tu...", avec le même héros rouquin en salopette verte.
Même inspiration mariant humour et imagination que le premier volume, mêmes questions étonnantes, mêmes dessins ravissants et expressifs, mêmes questionnements sur les petits riens et les grands touts.
Toutefois, ici, les "Préférerais-tu..." alternent avec des "Qu'est-ce qui serait pire?" tout aussi désopilants et questionnants. Un délice à découvrir dès 3 ou 4 ans.
Quelques exemples de questions:
"Préférerais-tu...
aider les abeilles à faire du miel
ou creuser un terrier avec un lapin?"
"Qu'est-ce qui serait pire?
Que tout le monde raconte des histoires de toi bébé
ou que ta maman sorte son mouchoir?"

Les questions alternent et interrogent, l'air de rien, l'enfant lecteur sur lui-même, son rapport à la nature, aux animaux, aux autres. Du bonheur.
Je préférerais que John Burningham soit vivant
Je préférerais que John Burningham soit vivant
Je préférerais que John Burningham soit vivant

Je préférerais que John Burningham soit vivant

(c) Kaléidoscope.


A propos des titres précédents de John Burningham
"Logis de souris", ici
"Veux-tu sortir du bain, Marcelle", ici
"Bébé", le seul qu'il ait fait en duo avec son épouse, et d'autres titres, ici
"Préférerais-tu...", ici
Je préférerais que John Burningham soit vivantPour mieux connaître l'œuvre de John Burningham, il y a aussi l'album "Behind the scenes" (2009, téléchargeable en anglais). Il commence par une préface de Maurice Sendak, suivie d'une analyse de son travail par le critique Brian Alderson. Ensuite c'est John Burningham lui-même qui explore son enfance, ses études à Summerhill, ses débuts en tant qu'illustrateur puis son immense carrière en tant qu'auteur-illustrateur jeunesse. Il partage les notes pour son premier album, "Borka", des esquisses et de somptueuses illustrations de son œuvre, forte de plus de 40 livres.