Profession du père (BD) - Sébastien Gnaedig et Sorj Chalandon

Profession du père (BD) - Sébastien Gnaedig et Sorj Chalandon

Présentation
Émile pourrait être un enfant comme un autre... s'il n'y avait pas son père. Nous sommes au début des années soixante, la guerre d'Algérie fait rage, et des putschistes tentent de renverser la République. Le père tente d'enrôler son fils dans l'organisation secrète O. A. S. qui a pour but d'assassiner le général de Gaulle, ce " salaud qui brade la France aux Russes et aux cochons ". Lever en pleine nuit, coups de ceinturon et de poing, punitions, enfermement dans l'armoire (" la maison de correction ") : Émile subit la violence de ce père qui n'en finit pas de l'entraîner dans ses délires mensongers et paranoïaques. La mère, elle, s'efface dans un consentement subi : " Tu connais ton père ? " Comment fait-on pour résister, à douze ans, à un tel déchaînement de brutalité paternelle?
" En écrivant Profession du père, je n'avais en tête que mon visage d'enfant. Malgré le masque d'Émile, je ne pouvais m'empêcher de plaquer mes traits sur chaque mot. Croyant m'éloigner de mon enfance, j'y replongeais. Comme Émile, je n'ai jamais su la profession de mon père. Comme lui, j'ai eu une famille qui confondait mensonge et vérité. Comme lui, ce chaos m'a laissé sans socle, sans amour, sans mémoire. [...]
Difficile, de montrer un enfant battu. Trop de réalisme le violenterait une deuxième fois. Alors Sébastien Gnaedig a choisi la pudeur. Tout est là. Désarroi, chagrin, pitié, terreur. Mais tout cela gagne en légèreté. Dans ma ville de Lyon, Sébastien a interrogé les fantômes et les rues. Il s'est emparé de mon histoire. "
Sorj Chalandon

Avis
En 2011, Emile et sa mère sont au crématorium de Lyon pour y faire incinérer le père. Aucun d'eux ne paraît affliger par ce drame, pas une larme du fils pas un regret de la mère, un soulagement paraît se profiler. Et pour cause un mari tyrannique et un père violent et à l'éducation plus que particulière. Cette enfance qui n'en a pas été une est racontée par Sorj Chalandon dont l'adaptation BD a eu le même effet sur moi qu'à la lecture du roman.
Je concluais d'ailleurs ma chronique par ces mots:
"Un livre extrêmement touchant dans lequel on voit un jeune garçon prisonnier de la colère d'un père et de l'indifférence d'une mère, il s'évade grâce au dessin couchant sur papier les couleurs qui manque à sa vie. De cette épouvantable enfance en ressort un adulte meurtri qui se remémore le passé avec toujours autant de douleur. "

Un désordre mental sans nul doute a conduit le père à toutes sortes d'affabulations commettant au passage des actes violents à l'encontre d'Emile et de sa mère, des mensonges conduisant à des événements absurdes mais détruisant un enfant à tout jamais. On retrace chronologiquement les événements à partir de 1959, agent secret puis Compagnons de la chanson, camarade de De Gaulle avant de vouloir sa mort, de mèche avec un agent de la CIA il manipule son fils devant une mère hébétée. Cette adaptation est des plus fidèle on y retrouve cette ambiance pesante et ce tragique conduisant forcément aux ennuis.