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Auteur : Patrick Garcia Édition : du Net Paru le : 24 Octobre 2018 76 pages numérique (pdf) (équivaut à 200 pages environ papier) Thème : Science Fiction ***** |
Résumé :
« Dans des lieux différents, 4 femmes et 4 hommes disparaissent au même moment. Un seul point commun les unit : la croyance. Ils se retrouvent le lendemain dans un vaste lieu appelé Casa Nostra. Ils se rendent vite compte qu'ils en sont prisonniers. Peu à peu, les membres de la communauté abandonnent toutes leurs valeurs. Un jour, un hologramme apparaît. Ce dernier affirme qu'il est le représentant du seul Dieu existant jusqu'à ce qu'un nouvel arrivant leur apprenne l'inconcevable vérité... »
Je remercie l'auteur Patrick Garcia pour m'avoir proposé la lecture de son livre.
4 hommes et 4 femmes sont "enlevés". Ils se retrouvent dans une fosse (jetés par une pelleteuse auparavant) et découvrent une maison dans une sorte de forêt. Pour eux, impossible de sortir du périmètre. Elena, Fares, Meï, Paul, Frédéric, Katielle, Caleb et Adèle vont vivre de terribles heures, mais également des moments précieux. Chacun a ses croyances, ses doutes, ses valeurs, une vie en dehors de ces lieux. Chacun va devoir revoir ce qu'il est afin de "sortir" de ce domaine.
« Paradoxalement, lui, le cartésien, l’agnostique, lui qui avait la tête bien faite et bien pleine, semblait avoir été conquis par cette nouvelle foi, même si la finalité de celle-ci demeurait absconse.
En effet, comment expliquer qu’une organisation humaine puisse enlever à loisir des personnes, faire en sorte que l’heure du lever et coucher du soleil soit constante, semaine après semaine, que la température elle-même soit régulée, jour après jour ? Sans compter l’épisode « changement d’apesanteur ». Cela, aucun homme ne pouvait le réaliser. »
L'histoire est originale, surtout lorsque l'on arrive au pourquoi et comment ils sont arrivés à Casa Nostra. 8 personnes pris au hasard, enfin peut-être pas tant que cela au hasard, sont emmenés de force dans un lieu inconnu. 7 personnes ont un tatouage D sur la nuque, pas le huitième. Pourquoi ? Pas de panique la réponse est bien expliquée. Ce qui se passe dans ce domaine montre la nature humaine dans toute sa splendeur. Bien entendu, au début, il y a les règles, les conventions, le paraitre qui agit encore, mais perdus dans un univers non connu, sans le regard de son prochain, qui sait ce que nous pouvons faire ? C'est dérangeant, non ?
Je dois admettre que j'ai mis un moment avant de me décider à écrire ma chronique, tout simplement parce que j'avais besoin de digérer cette histoire. Ce fameux "que pouvons nous faire dans cette situation" m'a interpellé. Je ne sais pas du tout ce que je serais capable de faire ou non, je sais juste que cela m'a dérangé (oui, oui je confirme) de lire certains passages. L'Homme (avec un grand H) a une facilité déconcertante de revenir à un état primaire désopilant. Je dirais que l'existence même de l'Homme me paraît inappropriée s'ils agissaient tous de la même façon. Comment ont-ils pu survivre en effectuant de tels actes ? Par chance certains d'entre eux reste "corrects". Mais nous pourrions philosopher et nous demander c'est quoi le correct ou le politiquement correct.
Il faut dire également que l'auteur a une manière bien à lui de mettre des personnages dans des situations complexes sans issue possible. Le retour en arrière n'existe pas. Par contre certains événements adorent faire une boucle. Les personnages vont vivre une "aventure" particulière. L'angoisse est à son comble lorsqu'ils se voient tous pour la première fois. Puis la méfiance reste un bon moment pour démarrer sur un semblant d'entente cordiale. Imaginez-vous entouré de sept personnes dont vous ne connaissez absolument pas, jamais vu et il va vous falloir vivre avec. Plus les jours passent et plus ce huit-clos s'approche d'un thriller. Sans oublier l'apparition d'un hologramme qui vient s'amuser avec leurs nerfs. Alors lui, c'est un élément perturbateur qui adore s'entendre parler et surtout agir afin de gérer les crises potentielles de ses prisonniers.
« — En tout cas ce serait très agréable si nous n’étions pas dans cette situation.
— Dites-vous qu’elle n‘est pas éternelle.... « Le soleil a toujours l’aube comme précurseur ».
Il dit cette belle phrase qui venait un peu de nulle part. Meï choisit de n’en retenir que la beauté.
— C’est très joli.
— Victor Hugo.
— Un ingénieur-poète... je suis impressionnée.
— Vous trouvez cela contradictoire ?
— Je trouve surtout que vous avez beaucoup de qualités... Si j’en crois l’empressement d’Elena à soigner vos bobos.
— Vous allez me faire rougir.
— Je ne le verrai pas.
— En êtes-vous sûre ? »
Elena, Fares, Meï, Paul, Frédéric, Katielle, Caleb et Adèle sont tous de bons éléments. Les caractères sont différents, avec une vie bien à eux. Leurs évolutions dans ce cadre particulier change en fonction de leur psychologie. Je ne raconterai pas qui fait quoi dans le récit, l'auteur le fait très bien lui-même, il faut juste garder à l'esprit que ce sont personnages qui ont un petit truc les rendant attachant. Et puis il y a Damien, ce personnage qui arrive de la même manière que les autres. J'ai encore des questions sur lui sans avoir de réponses. J'ai une préférence pour Frédéric et Meï qui ne ressentent pas forcément de la même manière que les autres compagnons d'infortune.
Un univers crée de toute pièce par un auteur scrupuleux du détail. Je me suis posée bon nombre de questions au sujet de ce monde, de ces personnages, de ce qui leur arrive jusqu'à ce final qui est déstabilisant. Le mystère est bien entretenu, avec des protagonistes qui jouent le jeu (en même temps, les pauvres ne peuvent pas faire grand-chose contre un auteur quelque peu sadique). DEUS est un élément qui arrive plutôt bien, ni trop tôt, ni trop tard. Je n'en dirais pas plus pour garder le mystère.
Par contre j’émets quelques réserves sur la manière d'apporter les éléments. Bien que l'écriture soit la plupart du temps fluide, j'ai eu du mal avec le début et la fin du livre. Tous deux sont des successions de ce que les personnages font. Le prologue nous énumère les personnages l'un après l'autre dans une situation propre à eux et pouf, ils disparaissent. Huit fois d'affilée, j'ai soupiré au troisième me demandant si cela allait continuer longtemps. J'avoue qu'il y a mieux pour éviter cette répétition multiple. J'imaginais plus ces explications lorsqu'ils se retrouvent tous ensemble, surtout que l'auteur les met en scène dans un semblant de questions réponses (Il s'agit surtout d'un jeu de connaissance qui aurait pu apporter les "comment ils sont arrivés ici"). Il en est de même pour l'épilogue. Puis, vint l'histoire concrète et même s'il y a des moment où l'humour pointe son nez, certains passages sont "longs" avec beaucoup de réflexions qui reviennent régulièrement. J'ai eu du mal à entrer dans le récit concrètement. Lorsque je suis arrivée au final, j'ai été surprise par ce qui en était réellement, mais en même temps j'ai senti une pointe de déception parce que cela allait trop vite à mon gout.
« Un léger courant d’air fit danser une mèche de ses cheveux. Elle resta quelques secondes immobile, respiration saccadée, Elle posa la pointe du stylo, prête à coucher sur le papier quelque fulgurance de l’esprit dont elle était coutumière. Meï, dans un état second, leva son vi- sage. Sa main s’agita au-dessus du papier, Les mots noircirent celui-ci avec une vitesse hallucinante. Puis un sifflement aigu commença à agresser ses tympans. Sa tête se balançait de gauche à droite. Meï essaya de faire abstraction de la douleur, poursuivant à en perdre le souffle sa rédaction frénétique. La résonance brutale, suivie des dernières notes du concerto n°23 de Mozart venait de s’évanouir. Le silence qui s’en suivit était certes encore du Mozart...
... mais Meï avait disparu. »
D'une certaine manière je conseille la découverte de ce livre pour son originalité et ses personnages. C'est une histoire intéressante qui nous demande beaucoup de réflexions en la matière et nous fait nous poser tout autant de questions. D'une autre manière, la façon dont le récit est amené pourrait être modifié par endroit pour plus de "fluidité". Je pense surtout au début et à la fin du livre. Sans ses redondances, il aurait été plus facile pour moi d'entrer dans ce récit.