Et soudain, la liberté – prix Marguerite Duras 2017
Les femmes n’étaient pas des sous-hommes. Pas des enfants, pas des mineures !
Sorti en 2017 à l’occasion de la Rentrée Littéraire, le roman biographique connu très vite la reconnaissance des lecteurs et des sélections de prix. Ecrit à quatre mains, Et soudain La liberté, est un voyage dans l’histoire du XXe siècle à travers la relation particulière qui n’existe qu’entre une mère et une fille. Ode à la liberté et aux combats féministes, le roman a été sacré par le GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE, par le Prix Marguerite Duras ainsi que celui de Première Plume par Le furet du Nord. Caroline Laurent, une des autrices est aujourd’hui à la tête de la nouvelle collection des éditions Stocks ; Arpège.
Lors de sa sortie, Et soudain La liberté ne me tentait pas du tout, mais vraiment pas. J’avais un peu peur (ne me demandait pas pourquoi) de tomber sur une romance donc j’ai très vite oublié l’ouvrage. Et puis, il y a un mois, alors que je cherchais du féminisme à me mettre sous la dent, voilà qu’il ressort. Finalement, c’était peut-être le bon moment pour passer outre les idées que j’avais dessus et le soufflet médiatique était bien retombé depuis.
Le roman parle de plusieurs femmes, Maud et Lucie bien entendu (des noms d’emprunt que j’ai beaucoup apprécié pour le respect de l’autrice envers ces femmes), mais aussi de Caroline elle-même, qui entrecoupe le récit de sa propre histoire et de sa quête du roman-hommage parfait. On y découvre des portraits d’une justesse inouïe dans une époque qui ne faisait pas de cadeaux aux femmes. On apprend à découvrir un contexte, celui des colonies au début pour l’une, d’un changement de politique et d’un amour surprenant presque dangereux pour l’autre.
Caroline Laurent a su rendre justice à ces femmes et surtout cette femme qu’était Evelyne Pisier. Une femme forte, inspirante que la vie avait marquée. Et puis, il y a toute cette dimension des relations filiales. J’y ai souvent fait le parallèle avec ma propre mère et nos relations à la fois heureuse et difficile. Ce sont des relations complexes où parfois un événement ou un sentiment mineur peut être le début d’un conflit.
J’ai aimé Maud autant que je l’ai détesté. Je l’ai aimé parce qu’elle a réussi à prendre sa vie en main et quitter son infâme mari sexiste et raciste. Parce qu’elle a réussi à mener un combat féministe et à aider les femmes à prendre en main leurs corps et leurs vies. Mais je l’ai aussi détesté parce qu’elle revenait toujours à lui, enchaînée à cet amour dévastateur. Est-ce que je peux réellement la juger ? Une chose est sûre, ces vies m’ont remuée et c’est par toutes ces émotions, que Caroline Laurent prouve qu’elle a su rester fidèle à la mémoire de Evelyne Pisier et qu’elle a réussi à transmettre ces vies colorées.
Cela aurait été une belle erreur de passer à côté, car finalement, Et soudain la liberté est un hommage à ces femmes que la vie et les hommes ont marqués. Caroline Laurent écrit majestueusement les sentiments et les relations filiales compliquées.
Edition Les Escales
448 pages
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