Caroff n’a plus que sa femme Marie et sa fille Gaëlle pour le raccrocher à la vie. Il y a plusieurs années, lors d’un accident de pêche, un jeune matelot dont il était responsable a perdu la vie. Tous lui ont alors tourné le dos, reproché son imprudence, refusé amitié ou même contact. La descente aux enfers a commencé.
Dans un ultime essai pour s’en sortir, il accepte le marché d’un homme dangereux : récupérer des paquets livrés en mer par des cargos. Il réussit à faire réparer son bateau, mais se voit bientôt contraint d’accepter deux matelots tout droits sortis des réseaux mafieux de Marseille, plus caïds des cités que marins ! Retrouvant l’air du large, et foi en un avenir meilleur, les premières livraisons s’enchaînent. Mais où va le mener cette dangereuse mission ?
Brieuc quant à lui sort d’une rupture difficile, et a également lâché son activité de libraire. faisant un pari sur l’avenir, il se lance dans une activité de taxi sur mer. Il y fait une première rencontre : un couple âgé dont le mari est très malade, et qui le prend rapidement en amitié, voyant en lui un peu le fils qu’ils n’ont jamais eux. Bientôt aussi grâce à sa nouvelle activité il rencontre une femme, qui va lui redonner foi en l’amour. Tout semble aller pour le mieux pour lui, jusuq’à ce qu’il croise la route du bateau de pêche de Caroff…
Dans ce roman on navigue entre les deux personnages principaux, dont les traits communs sont une forte volonté de s’en sortir, et l’amour, conservé ou retrouvé, qui est leur moteur. Deux univers distincts, que rien ne rapproche si ce n’est leur terrain de jeu, la mer à quelques encablures de Brest.
Les personnages sont très bien définis et décrits, on perçoit bien leurs émotions, leur parcours, on prend le temps de les découvrir, de s’y attacher même, d’en percevoir les failles, les caractères, les envies.
On sent aussi très bien monter une sorte de pression, de suspense, on imagine qu’un lien va se faire, on monte en tension du côté de Caroff tandis que la situation de Brieuc tend vers l’apaisement. Tout est ficelé avec beaucoup de justesse et d’habileté, pour enfin basculer dans le roman noir, sur une traque et une violence qui finit par tout envahir !
J’ai été agréablement surprise par ce roman noir qui n’est pas mon genre de lecture habituel mais qui m’a captivée et a su retenir mon attention et me donner envie d’aller au bout, de découvrir enfin la chute, que je ne vous dévoile pas, mais que je vous recommande de découvrir par vous-mêmes ! Bonne lecture !
Ronan Gouézec est né en 1964 dans le Finistère. Il a été chroniqueur pour « Hopala ! la Bretagne au monde », une revue littéraire et artistique bretonne.
Rade amère, son premier roman, a été publié par les éditions du Rouergue en avril 2018 (18,50€).