L’assassin de ma sœur, Flynn Berry
Editeur : Presses de la citéNombre de pages : 266Résumé : Nora, la petite trentaine, prend le train depuis Londres pour rendre visite à sa sœur dans la campagne. À son arrivée, elle découvre que Rachel a été victime d’un crime barbare. Atomisée par la douleur, Nora est incapable de retourner à sa vie d’avant. Des années auparavant, un événement traumatique a ébranlé sa confiance dans la police ; elle pense être la seule à pouvoir retrouver l’assassin de Rachel. Mais isolée dans ce petit village qui chuchote et épie, isolée – surtout – avec les démons de leur jeunesse sacrifiée, Nora devra souvent se battre avec elle-même pour retrouver la vérité sous la surface brumeuse des souvenirs.
Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Si je vais dans sa chambre, je verrai les ombres de l'orme côté sud, jouant sur le parquet. Le chien assoupi, vautré au bas du lit, assez près pour qu'elle puisse le caresser rien qu'en laissant traîner sa main. Et Rachel, endormie. J'ouvre les yeux. »
- Mon avis sur le livre -
Jamais deux sans trois, parait-il : encore une fois, je me suis retrouvée avec un mail de Babelio me proposant de recevoir un thriller sans comprendre ni comment ni pourquoi je suis devenue « novice » en romans policiers et thrillers … Mais je ne m’en plains absolument pas ! C’est fort sympathique – et excitant – de sortir de temps en temps de sa zone de confort littéraire, et c’est bien pour cela que je postule à chaque fois : je peux ainsi découvrir des ouvrages que je n’aurais probablement jamais lu autrement, tout simplement parce que je ne vais jamais fouiner du côté des thrillers à la librairie ou à la bibliothèque … Cependant, si mes deux précédentes irruptions dans le genre ont été couronnées de succès, cette fois-ci, ce ne fut le cas, et mon bilan est plus mitigé : ce n’est pas un mauvais livre, loin de là, mais je ne l’ai pas trouvé si exceptionnel que ne le promettait la quatrième de couverture (indiquant que cet ouvrage a été « encensé par la presse » aux Etats-Unis et qu’il a même reçu un prix) …
Comme tous les week-ends, Nora quitte Londres et se rend chez sa sœur Rachel, qui vit à la campagne. Mais ce soir-là, une macabre découverte l’attend lorsqu’elle entre dans la paisible petite maison : sa sœur git au sol dans une mare de sang, tandis que le chien pend au bout de sa laisse … A partir de cet instant, Nora n’a plus qu’une seule idée en tête : retrouver l’assassin. Tandis que l’enquête de la police piétine, alors qu’elle découvre petit à petit qu’elle ne connaissait finalement pas sa sœur aussi bien qu’elle le pensait, la jeune femme tente désespérément de débusquer le coupable …
Objectivement parlant, c’est un bon livre : si l’histoire semble au premier abord assez classique (un meurtre, l’enquête policière qui tourne en rond, le proche qui décide de prendre les choses en main à ses risques et périls), elle n’en reste pas moins bien menée et riche en mystères et en rebondissements. Lorsqu’arrive le dénouement final, le lecteur est tout aussi surpris que Nora, mais pas pour la même raison … C’est en effet l’intérêt de ce récit : tandis que généralement, le lecteur est « de connivence » avec le protagoniste-narrateur et est presque « contraint » de penser comme lui, ici, au contraire, le lecteur peut facilement se détacher des conclusions – parfois hâtives – de Nora et se faire sa propre opinion sur l’affaire. Il est en effet difficile de s’attacher réellement et de s’identifier véritablement à la jeune femme : elle vient de perdre sa sœur, la seule famille qui lui restait, mais n’en semble pas si accablée que cela … Si au début, on peut mettre cette indifférence sur le compte du déni, on se demande finalement si cela ne cache pas quelque chose d’autre … et nos soupçons grandissent au fur et à mesure que Nora nous dévoile des bribes de leur passé commun.
Arrivée au milieu du roman, une fois passée la satisfaction éphémère (« Je sais qui a tué Rachel ! »), j’ai rapidement ressenti une certaine déception : l’idée était intéressante, mais le lecteur trouve trop facilement la solution, tellement c’est gros comme le nez au milieu de la figure ! Sans oublier que c’est un schéma vu et revu dans les polars … Je ne continuais donc que pour savoir comment l’auteur allait parvenir à faire éclater cela au grand jour, comment les personnages allaient arriver à la même conclusion que moi … Et là, l’électrochoc final. J’avais tort. Ce qui me paraissait si évident n’était qu’un leurre, qu’une fausse piste, délibérément mise en place pour induire le lecteur en erreur ! Quelle agréable surprise, vraiment ! Je m’attendais à tout sauf à cela ! Et c’est d’autant plus incroyable que le dénouement ne tombe pas du ciel, il est parfaitement cohérent avec les informations en notre possession, c’est juste que ni Nora ni le lecteur n’avaient songé à creuser dans cette direction … Ce final est vraiment époustouflant car il est à la fois inattendu et prévisible ! Pour son premier roman, l’auteur a donc vraiment bien mené sa barque en menant le lecteur par le bout du nez !
Dans ce cas-là, me direz-vous, pourquoi suis-je tellement mitigée vis-à-vis de ce roman ? Je pense, tout d’abord, que j’attendais trop de ce livre : la quatrième de couverture me promettait « un thriller vorace sur le deuil, le poids des traumatismes et la puissance des liens du sang » … Ces trois éléments m’intéressaient énormément, mais finalement, je ne les ai pas trouvés. Nora ne fait pas son deuil : elle se plonge dans une quête obsessionnelle qui relève bien plus de la névrose que du deuil … Le passé et ses traumatismes sont bien évoqués, mais de façon fort superficielle, ils ne sont que des prétextes pour faire avancer l’enquête tant bien que mal, ils ne pèsent pas réellement sur Nora (et c’est logique, d’ailleurs) … Et pour la puissance des liens du sang, on repassera, Nora étant loin d’être dévastée par la perte de sa sœur ainée. On a limite l’impression qu’elle est plus peinée par la mort du chien ! Je me suis sentie trahie par ce résumé plein de promesses et par le roman qui ne les tient pas. De plus, j’ai eu beaucoup de mal avec la narration : elle était creuse, vide. Elle raconte, oui, mais sans plus. Moi qui aime les narrations vivantes, celles qui transforment les mots en images dans l’esprit du lecteur, celles qui font naitre des émotions dans le cœur du lecteur, je me suis retrouvée face à une narration aussi froide que celle de mon manuel de latin !
En bref, ce roman, malgré ses qualités, n’a pas su me convaincre. C’est une lecture divertissante, mais pas captivante : on veut connaitre le fin mot de l’histoire par simple curiosité, et non par envie dévorante de connaitre le coupable. L’intrigue est fort bien menée, et le dénouement est vraiment fort surprenant, mais cela n’a pas suffi, et je reste sur ma faim. Je m’attendais à un livre bien plus émouvant, bien plus passionnant, bien plus angoissant … Et je suis donc un peu frustrée par cette lecture qui, si elle fut sympathique, est bien loin d’être exceptionnelle. Je conseille donc ce roman à ceux qui cherchent un polar se lisant facilement et rapidement, qui aiment les retournements de situations totalement imprévisibles et qui apprécient les narrations très cinématographiques, sans fioritures … Mais ne vous attendez pas à un thriller psychologique poignant, vous n’y trouverez pas votre compte …
Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018(plus d’explications sur cet article)
Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers(plus d’explications sur cet article)