The Green Lantern #3

Grant Morrison et Liam Sharp continuent d'explorer le travail de la Green Lantern Corps dans la série The Green Lantern. Dans ce numéro, la police de l'espace doit récupérer la Terre qui est mise à prix lors d'une vente enchère clandestine.

La série de Morrison est à la fois complètement à part et à la fois complètement barrée. À part, parce qu'elle est dissonante par rapport aux productions DC actuelles qui sont, malgré leurs qualités, bien souvent formatées. Morrison nous ramène à cette époque où les titres et les genres se mélangeaient naturellement dans le catalogue de l'éditeur. Du coup, si vous aimez les séries atypiques, The Green Lantern est clairement pour vous.

Barrée, c'est assez simple à comprendre ne serait-ce qu'avec le pitch de cet épisode : un braconnier a capturé la Terre et il l'a vend aux enchères sur un marché noir où des milliardaires de l'univers tentent d'obtenir des objets rares. C'est alors un homme qui ressemble beaucoup à Dieu qui décide de l'acheter le prix fort. Du coup, des phénomènes étranges arrivent sur Terre à cause du rétrécissement qu'elle a subi afin d'être transportée mais aussi du changement d'orbite, pendant que Hal Jordan essaie de négocier avec Dieu afin qu'il repose la planète là où elle a été prise.

Il faut donc être assez ouvert d'esprit afin d'apprécier pleinement cette série et cet épisode en particulier. En effet, les enchaînements entre les scènes sont très abruptes tellement Morrison veut raconter des choses différentes en un seul épisode. Parce que le scénariste n'est pas seulement intéressé par le côté exceptionnel de la situation, il veut amener Hal Jordan sur un terrain inconnu, le mettre à l'épreuve, être violent avec les convictions du policier de l'espace. Et, Dieu est un élément perturbateur assez fort pour y arriver.

Au-delà de la symbolique, Dieu représente presque la voix du scénariste qui remet en question le monde du personnage de la BD. C'est d'ailleurs assez drôle que Morrison ne se donne pas le "bon" rôle se mettant même en totale opposition du justicier, le héros de la série mais cela apporte un message politique engagé et une réflexion profonde sur les bases de notre civilisation.

La fin de l'épisode est un retournement de situation inattendu ; difficile de voir que tout ce que le scénariste mettait en place jusque-là nous dirigeait vers une telle situation. Encore une fois, c'est assez plaisant d'être bousculé de la sorte.

Je vais continuer à être élogieux envers la série en parlant du travail absolument remarquable de Liam Sharp : si le scénario est fou, les dessins retranscrivent cette sensation très bien. Les personnages ont des formes et des allures diverses et variées, l'espace qui prend beaucoup d'importance dans le décor est majestueux et les découpage est vraiment atypique jouant avec les échelles, la cadence et le nombre de cases. C'est vraiment plaisant à regarder et à analyser tellement les auteurs nous racontent de choses en un seul épisode.

The Green Lantern #3