L’amas ardent
Yamen Manai
Elyzad
2017
230 pages
La bibliothèque de l’université perdait de sa superbe même si elle en demeurait l’un de ses derniers joyaux. La poussière recouvrait plusieurs étagères et souvent, celui qui cherchait une information avait l’impression d’exhumer un tombeau. Malgré cette atmosphère fossile et le manque de rénovation, le Don vit dans ses rayons les œuvres scintiller et il se sentit comme sous la voûte d’un ciel étoilé, édifié de mots, monté sur les colonnes d’encre et de papier. Voilà ce que l’homme avait de divin, voilà son véritable temple.
Décidément cet auteur, découvert très récemment (avec La sérénade d’Ibrahim Santos) et que je vais rencontrer très prochainement (jour J – 3), a le Don de me plaire. Il sait conter des histoires écologico-politiques dans une langue admirable.
Cette fois, il s’attaque au délicat sujet de la destruction des abeilles par des frelons asiatiques. Et si vous souhaitez savoir ce qu’est l’amas ardent, il ne vous reste qu’à lire ce livre. Mais il ne s’arrête pas là, il ose s’en prendre aux barbus, à ceux qui imposent leur vision étroite du monde. L’après révolution du printemps arabe tunisien est évoqué avec subtilité. Les abeilles sont une allégorie, apprenons de leur technique de l’amas ardent pour nous débarrasser des importuns dangereux et perfides…
Grâce à l’utilisation de la fable philosophique, Yamen Manai dénonce les systèmes autocratiques avec finesse, avec humour, et avec une certaine poésie. Il porte un regard acéré et en même temps vierge, sur le monde, comme s’il découvrait à la fois la beauté du monde et son envers, sa noirceur.
Le seul reproche que je ferais à ce roman, c’est son entrée en matière. Son premier chapitre m’a décontenancée, je ne m’y suis pas retrouvée, trop anecdotique, trop dialogué, et surtout je n’en ai pas vu l’utilité, je ne m’y attendais pas. D’ailleurs, il le nomme le chapitre 0, c’est dire à quel point il est dispensable.
Mais chut… ce n’est qu’un tout petit rien du tout, qui s’est vite effacé à la lecture du reste. J’ai déjà oublié. Et j’attends avec impatience de rencontrer cet auteur !