Chronique « KATANGA Tome 3 – Dispersion »
Scénario de FABIEN NURY, dessin de SYLVAIN VALLÉE,
Public conseillé : Grands ados / Adultes
Style : Aventure / Guerre
Paru le 16 janvier 2019 aux éditions DARGAUD
68 pages couleurs
16,95 euros
Share
Ça commence comme ça…
Fortys, le banquier belge, est réveillé par un coup de fil en provenance de Bruxelles. C’est un homme de la direction financière de l’UMHK qui lui annonce que l’argent pour acheter les diamants est disponible à la banque de Dodoma, en Tanzanie.
Alicia, sa belle amante noire qui se réveille à ses côtés, lui rappelle le deal qu’ils ont passé. Charlie, son frère, aura la vie sauve, s’il ramène bien les diamants.
Intrigué par son dévouement, Forthys veut en savoir plus sur Charlie. Pendant qu’elle “s’occupe de lui”, Alicia lui raconte sa jeunesse d’esclave dans un champs de coton, les viols à répétition par le fils du propriétaire et sa cavale avec son frère, après l’incendie… C’est à la fois un frère, une mère et père., qui a trouvé son prénom (Charlie) en regardant les films de Charlot…
Pendant ce temps là, à Elisabethville, Orsini, le “conseiller” du ministre Munongo reçoit un “colis” par avion militaire. Le colonel Mobutu lui livre Patrice Lumumba, le leader indépendantiste…
Ce que j’en pense
Nous voici arrivé à la conclusion du triptyque “Katanga”. Avec la maîtrise exceptionnelle de la narration de Fabien Nury et le dessin à la hauteur de Sylvain Vallée, le duo nous plonge dans l’Afrique des années 60 où tout semble possible… Entre politiciens véreux et mercenaires avides de mettre la main sur une poignée (exceptionnelle) de diamants, on se demande qui va bouffer qui ?
Même si le tome 2 avait apporté son lot de surprises et de rebondissements musclés et dramatiques, la partie est loin d’être jouée. Tandis que les diamants sont apportés par Charlie, l’ex-domestique et Félix Cantor, le mercenaire, dans l’ombre Orsini, le conseiller du ministre Munungo, tire les ficelles. Il ne suffit pas de mettre la main sur le pactole. Il faut réussir à sauver sa peau…
Si vous lisez régulièrement les chroniques d »Un Amour de BD”, vous avez certainement remarqué à quel point j’apprécie les albums de Fabien Nury. Comme dans “Katanga”, ses récits mélangent habillement la grande et la petite histoire. Ce tome 3 n’échappe pas à la règle. Terriblement efficace et dense, il joue avec les archétypes de personnages, en construisant son histoire au plus prêt de ses protagonistes. Entre Alicia, la pute au grand coeur, Forthys, le patron blanc exploiteur et les ministres africains qui font preuve d’une belle sauvagerie, il n’y en a pas beaucoup à sauver, excepté Alicia et Charlie. Racontant le passé de ces deux anti-héros, perdus dans une lutte de mort et de diamants, Nury entremêle habilement les différents arcs narratifs. Le but, un final digne d’un Western classique ou d’un film de John Woo. Ça tire dans tous les sens… jusqu’à qu’il n’y en ait plus qu’un…
Au dessin, Sylvain Vallée est à la fête. Son trait caricatural est soutenu par sa science du découpage. L’écriture est très cinématographique et la composition dynamique. C’est du grand spectacle, couché en cases et en planches.
Sous son crayon, les noirs comme les blancs ont des gueules de vautour, et les plus beaux ne sont pas les moins salops…