Quartiers populaires de Naples, années 1950. Deux petites filles, Elena et Lila, font connaissance dans la cour de leur immeuble. Une relation de suite empreinte de soumission et de contrôle, d’attirance et de répulsion, de compétition et d’amitié.
Le roman commence bien des années plus tard, quand les héroïnes ont mené leur vie, et lorsque Lila disparaît tout à coup sans laisser aucune trace, ayant même méticuleusement effacé tout souvenir d’elle.
Elena alors entreprend de raconter la vie de la disparue, intimement mêlée à la sienne, dans un mouvement volontairement contraire à la volonté de Lila qu’on comprend mieux après avoir lu l’histoire, empreinte d’amour et de rivalité, de ces deux femmes.
Tout au long du roman, on suit les deux petites filles, au destin d’abord proche, au coude à coude, puis que la vie va peu à peu éloigner. L’une fera des études et pas l’autre, l’une se mariera, l’une s’épanouira dans une beauté inattendue et époustouflante, l’autre essaiera de trouver des partenaires d’idées, l’une aura des envies d’horizons, l’autre restera viscéralement attachée à sa terre, à son quartier…
Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, où d’emblée j’ai éprouvé de l’antipathie pour les deux personnages, pour la méchante autant que pour la suiveuse. L’amie prodigieuse, c’est d’abord l’éloge de Lila, une petite fille particulière, forte et volontaire, à l’intelligence brillante qui peut aussi bien subjuguer Elena, la porter, que la rabaisser. C’est aussi la dépendance d’Elena vis-à-vis de Lila, dérangeante, choquante même, mais compréhensible dans ces années d’enfance et d’adolescence où l’on est fragile, où l’on se construit avec le regard des autres. Une relation trouble, où chacune essaye de trouver sa place, son espace de liberté.
C’est aussi le reflet d’une époque, d’un petit bout d’Italie aux règles particulières, d’une culture populaire évoquée avec dureté mais aussi beaucoup de tendresse.
C’est finalement un condensé de vies et d’émotions, une atmosphère tout à fait particulière, peut-être révolue, que j’ai envie de retrouver dans les autres volumes.
Elena Ferrante est une écrivaine italienne née à Naples en 1943.
Le premier tome de L’amie prodigieuse est paru en France en 2014. Cette série compte 4 volumes disponibles aux éditions Gallimard et en poche chez Folio.