Aux yeux du monde, Joan ( Glenn Close) et Joseph Castleman ( Jonathan Pryce) donnent l'image du couple parfait. Elle, l'épouse dévouée qui débarrasse son talentueux mari de toutes les contingences matérielles afin qu'il s'épanouisse dans son art. Lui, qui est devenu l'un des plus grands auteurs américains peut-être même le plus grand.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si une nuit, ils reçoivent un appel du Comité Nobel. Joseph Castleman vient d'être choisi pour recevoir la plus prestigieuse récompense, soulignant la reconnaissance de ses pairs, le Prix Nobel de littérature. La stupéfaction passée, les voilà tous deux sautant et riant debout sur le lit comme aux jeunes années de leur mariage.
Interviews, photographes, les enfants sont également mis à contribution. Leur fille enceinte, quelle plus belle image du bonheur peut-on offrir, la descendance est assurée et leur fils David ( Max Irons). De son côté, le sourire est plus crispé. Il faut dire qu'il écrit et que son père a du mal s'y intéresser. Mépris du maître à l'égard de l'élève ? Bataille d'égos ? Simple rivalité père-fils ? Finalement le trio embarque pour Stockholm.
Dans l'avion, un journaliste un peu fouille-merde ( Christian Slater) qui se verrait bien biographe officiel de l'auteur de renom est là pour jeter un peu d'huile sur le feu. On sent bien que quelque chose cloche mais quoi exactement ?
Joan a prévenu, elle refuse que Joseph la cite dans le discours couronnant son sacre.
De petites phrases en flashbacks, on ne tarde pas à comprendre de quoi il retourne. Aidé par le journaliste sans scrupule, le fils va comprendre lui aussi. Il va repenser à tous ces moments où gamin, son père s'occupait de lui tandis qu'il fallait laisser maman tranquille, enfermée dans son bureau. Et pourquoi son père demande à sa mère quand il ne se rappelle plus du personnage d'un de " ses " livres...
Si l'effet de surprise quant à la révélation n'est pas vraiment là, on s'en doute depuis le début, l'histoire reste pourtant pleine de suspense et on a envie de savoir comment tout ça va finalement se dénouer.
Joan a supporté beaucoup, l'ombre, l'indifférence et les tromperies à répétitions de son mari. On sent que le vernis commence à craquer, qu'elle arrive au bout d'un cycle. Quand, lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel, Joseph passe outre et décide de la remercier, la coupe est plein, Joan explose !
C'est sans doute ma scène préférée de ce film à la réalisation maîtrisée. Glenn Glose y est incroyable, son jeu parfait. On la voit donner le change puis se décomposer.
Moment qui m'a rappelé la scène finale de la saison 1 de sa série Damages lorsqu'assise seule sur sa terrasse, elle réalise toutes les abjections qu'elle a commise pour parvenir à ses fins et quel monstre elle est finalement. Son visage passe par toutes sortes d'expressions et le dégout de soi la fait éclater en sanglots.
Pour les amateurs de fils et filles de, à noter les présences de Max Irons, fils de Jeremy Irons, dans le rôle de David, le fils, et Morgane Polanski, fille de RomanPolanski et Emmanuelle Seigner, dans un second rôle. Pour les amateurs de séries, à noter celle d' Elizabeth McGovern (la Comtesse de Grantham dans Downton Abbey) dans le rôle d'une auteure dont la rencontre avec Joan sera décisive sur son avenir.
On pense à Colette et Willy bien entendu et on pense à toutes ces femmes qui agissent dans l'ombre sans la moindre reconnaissance.
Un Golden Globe bien méritée pour une Glenn Close remarquable en route pour l' Oscar ?
"Sorti en VOD depuis le 24 janvier"
Avec Glenn Close, Jonathan Pryce, Christian Slater...