Éditions Le Tripode, 2018 (262 pages)
Ma note : 10/20Quatrième de couverture ...
" Je rêve de chats qui tombent des rambardes, d'adolescents aux yeux brillants qui surgissent au coin de la rue et tirent en pleine tête, de glissements de terrain emportant tout Cihangir dans le Bosphore, de ballerines funambules aux pieds cisaillés, je rêve que je marche sur les tuiles des toits d'Istanbul et qu'elles glissent et se décrochent. Mais toujours ta main me rattrape, juste au moment où je me réveille en plein vertige, les poings fermés, agrippée aux draps ; même si de plus en plus souvent au réveil tu n'es plus là. "La première phrase
" Sur la petite place avant les restaurants il y a un bâtiment, on dirait une église. "
Mon avis ...
Reçu en cadeau pour les fêtes de fin d'année, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec cet écrit signé Valérie Manteau. Auréolé du prix Renaudot 2018, il me tardait d'en démarrer la lecture car j'aime parfois sortir des sentiers battus (je lis finalement assez peu de littérature contemporaine, et cet ouvrage ne fait pas vraiment partie de mes lectures habituelles). Je n'ai malheureusement pas été conquise pour un sou. Peut-être que cet écrit n'était tout simplement pas pour moi, peut-être aussi que ce n'était pas le bon moment pour le lire. Certaines rencontres livresques ne se font pas, et même si ce n'est pas toujours évident il faut l'accepter. J'espère que mon avis ne sera pas trop sévère. Je vais en tout cas vous parler de mes ressentis (ce qui n'engage que moi).
Avec Le sillon, direction la Turquie d'aujourd'hui. La narratrice (que l'on devine double de l'auteure), une jeune journaliste française, ancienne collaboratrice de Charlie Hebdo, part rejoindre son amant à Istanbul. Son objectif : changer d'air, fuir la France et ses attentats. Son nouveau projet : écrire sur Hrant Dink, un journaliste turc d'origine arménienne, assassiné en 2007 par un nationaliste. Le sillon fait écho au mot Agos (nom d'un journal turc).
Je connais très peu l'histoire de la Turquie, et n'y suis jamais allée. Aussi, je dois dire que j'ai beaucoup appris grâce à cette lecture. Je n'ai malheureusement pas été convaincue par la plume de l'auteure que j'ai trouvée dispersée, comme partant dans tous les sens. Entre récit autobiographique, essai socio-politique ou encore reportage à l'allure d'un documentaire, tout s'est un peu entremêlé pour moi. Tandis que son histoire d'amour subit des remous, la narratrice entreprend des recherches qui lui font découvrir une scène politique turque résistante. Tout en retraçant le vécu de Hrant Dink, elle partage le quotidien des rues turques, et plus globalement celui du pays. Un écrit très déroutant, tout en étant engagé. Même si j'ai forcément été touchée par certains passages, je pense être passée totalement à côté de cette lecture. Je tenterai peut-être de laisser une seconde chance à l'auteure d'ici quelques temps.
Extraits ...
" En arménien bien sûr. Andouille je suis. Puisque visiblement je suis collée à la case départ, j'en profite pour poser des questions basiques ; que signifie le nom du journal, Agos. Jean fait le geste de semer des graines par poignées. Agos, c'est Le Sillon. C'était un mot partagé par les Turcs et les Arméniens ; en tout cas par les paysans, à l'époque où ils cohabitaient. Le sillon, comme dans la Marseillaise ? Qu'un sang impur abreuve nos sillons, quelle ironie, pour quelqu'un assassiné par un nationaliste. "